«L’USAGE professionnel du titre d’ostéopathe ou de chiropracteur est réservé aux personnes titulaires d’un diplôme sanctionnant une formation spécifique à l’ostéopathie ou à la chiropraxie délivrée par un établissement de formation agréé par le ministre chargé de la Santé dans des conditions fixées par décret»: l’article 75 de la loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades et la qualité du système de santé reconnaît ainsi les deux professions. Mais les textes d’application concernant la formation exigée se font attendre. Et, de part et d’autre, ostéopathes et chiropracteurs d’un côté, professions de santé de l’autre, on s’impatiente et on s’inquiète.
L’Académie de médecine, qui avait déjà manifesté ses réserves en mars 2004, revient à la charge en s’appuyant sur le rapport d’un groupe de travail (Louis Auquier, Georges Crémer, Paul Malvy, Charles-Joël Menkès et Guy Nicolas).
Prosélytisme.
A côté du millier de médecins qui pratiquent l’ostéopathie, on compte 5 000 ostéopathes, la moitié exerçant parallèlement la profession de kinésithérapeute. Les chiropracteurs seraient, eux, au nombre de quatre cent cinquante. Il existe une grande hétérogénéité dans le mode d’accès à ces disciplines et, surtout, dans la formation. Les écoles privées sont de plus en plus nombreuses et, selon le rapport, délivrent pour certaines «un enseignement pseudo-médical dans sa durée seulement, mais ne reposant sur aucune base scientifique sérieuse». On peut aussi s’inquiéter de la prolifération des sites consacrés à l’ostéopathie, en lequel l’académie voit un «prosélytisme très organisé» et bénéficiant de «moyens importants».
Les effets de ces techniques manuelles restent à démontrer. Pour les manipulations vertébrales, «la méthodologie des essais contrôlés est la seule possible, mais elle est difficile à mettre en ?uvre», car il existe de nombreux biais, liés notamment au recrutement des patients. Il ne faut pas non plus sous-estimer les risques. «Les manipulations vertébrales exigent un diagnostic médical préalable, en dehors de tout contexte philosophique, rappelle donc l’académie dans un communiqué au nom du groupe de travail. Elles engagent la responsabilité du médecin manipulateur en raison d’accidents possibles, en particulier dans la manipulation du rachis cervical de la femme jeune.» «L’ostéopathie ne saurait avoir en elle-même aucune valeur scientifique et certainement pas préventive, notamment chez le nouveau-né», ajoute-t-elle en faisant allusion à des pratiques qui auraient encore cours dans certains services hospitaliers.
Quant aux nombreuses autres techniques manuelles utilisées à fin thérapeutique, elles sont proches de celles enseignées dans les écoles de kinésithérapie. Pour l’académie, ces écoles devraient assurer cette formation de kinésithérapeute compétent en ostéopathie ou en chiropraxie. En sachant et en répétant que toutes ces techniques manuelles ne doivent être pratiquées qu’après prescription médicale.
Les formations existantes
– La formation des médecins ostéopathes est assurée dans 15 UFR de médecine dans le cadre d’un diplôme interuniversitaire de médecine manuelle (3e cycle). Il existe aussi pour les médecins des écoles privées assurant une formation en trois ans au cours de quatre stages annuels.– La formation des non-médecins s’effectue dans des écoles privées d’ostéopathie, au nombre d’au moins trente, regroupées dans la Collégiale académique de France, qui délivre de 1 200 à 1 500 diplômes chaque année. L’enseignement dure six ans, avec 5 000 heures de cours (2 500 pour les kinésithérapeutes).
– Voilà pour les formations officielles recensées par le rapport de l’académie, qui estime qu’il existe aussi de nombreuses formations plus ou moins improvisées.
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