EN CONSTANTE augmentation du fait de la hausse du nombre de chimiothérapies, de greffes de moelle osseuse, de transplantation d’organes, les infections fongiques invasives (candidoses et aspergilloses invasives) représentent un réel problème chez ces patients immunodéprimés. Le pronostic déjà sombre de leur pathologie est encore aggravé par ces infections opportunistes qui sont liées à l’état immunitaire du patient et à des facteurs exogènes environnementaux. Les candidoses et les aspergilloses restent liées à un taux élevé de mortalité, respectivement 38 et 71,5 %, malgré les traitements antifongiques actuels.
L’ efficacité des traitements des aspergilloses invasives se heurte à plusieurs facteurs : le diagnostic est difficile à poser avant l’extension à d’autres foyers, les signes cliniques étant peu spécifiques (fièvre, toux, douleur thoracique…), l’émergence de souches résistantes. C’est pourquoi les autorités avaient précisé que «le risque aspergillaire devait être géré en amont de cette complication».
L’arrivée, en 2006, de Noxafil (posaconazole) était apparue comme une nouvelle option thérapeutique dans les infections fongiques réfractaires chez l’adulte ou chez les patients adultes intolérants aux traitements classiques (aspergillose invasive, fusariose, chromoblastomycose, mycétome, coccidioïdose). La nouvelle indication obtenue va plus loin. En effet, Noxafil est désormais indiqué en prophylaxie des infections fongiques invasives : chez les patients recevant une chimiothérapie d’induction et de consolidation pour une leucémie myéloïde aiguë (LAM) ou un syndrome myélodysplasique (SMD), situations à risque de neutropénie prolongée, qui sont à haut risque de développer des infections fongiques invasives ; et chez les receveurs de greffes de cellules souches hématopoïétiques (Gcsh) sous traitement immunosuppresseur à haute dose, qui sont également à haut risque de développer des infections fongiques.
Deux études dans le « New England ».
Cette extension d’AMM repose sur les résultats de deux études randomisées, contrôlées, menées sur plus de 1 200 patients et publiées dans le « New England Journal of Medicine » du 25 janvier. Au cours de ces études, Noxafil a démontré une efficacité supérieure au fluconazole (et à l’itraconazole) en prophylaxie des infections fongiques invasives, avec un profil de tolérance comparable à celui du fluconazole.
Par rapport aux traitements de référence, on a noté une diminution significative de l’incidence des infections fongiques invasives (notamment de l’aspergillose invasive), une amélioration relative de 33 % de la survie globale (100 jours après randomisation) chez les patients recevant une chimiothérapie d’induction et de consolidation pour une LAM ou un SMD, et une diminution significative du nombre de décès par rapport au groupe fluconazole (16 semaines après randomisation) chez les patients receveurs de Gcsh. Les traitements étaient instaurés au moment de la chimiothérapie et étaient poursuivis pendant sept jours après la dernière prise des thérapies.
Ces résultats, souligne le Pr Mauricette Michallet (Lyon), constituent un formidable espoir dans des pathologies au très sombre pronostic.
Suspension buvable prête à l’emploi.
Noxafil est une suspension buvable, prête à l’emploi. La posologie est de 200 mg (5 ml) trois fois par jour.
Le traitement (uniquement hospitalier) doit être instauré par un médecin expérimenté dans la prise en charge des infections fongiques. Notons qu’une forme injectable est en développement.
D’après une conférence de presse des Laboratoires Schering-Plough, avec, parmi les intervenants, le Pr Olivier Lorthogary (Necker, Paris) et le Pr Mauricette Michallet (Lyon).
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