EN 2005, LES DÉPENSES de remboursement de médicaments ont marqué le pas avec une hausse de 4,8 % – contre 6,4 % en 2004. 20,2 milliards d’euros ont été remboursés par l’assurance-maladie, ce qui constitue un tiers des dépenses de ville. En volume, ce sont 2,7 milliards de boîtes, flacons ou toute autre présentation de médicaments qui ont été soumis au remboursement, soit une hausse de 3,4 % par rapport à l’année 2004.
Mais, comme l’indique la Cnam (Caisse nationale d’assurance-maladie), les dépenses restent très concentrées puisque les 100 médicaments les plus remboursés (sur environ 3 300 produits) représentent à eux seuls 48,3 % des dépenses (soit près de la moitié). Les dix premiers médicaments concentrent pour leur part 13 % des dépenses de remboursement, et les 25 premiers 22,7 %.
Même si la croissance des dépenses de médicaments se révèle modérée, la Cnam a tenté d’en analyser les principaux facteurs. Elle met tout d’abord en avant «le coût particulièrement élevé des nouveaux médicaments mis sur le marché». En effet, les médicaments dont le prix est supérieur à 15 euros ne représentent que 16 % des unités vendues, mais 65 % des dépenses en 2005, contre seulement 49 % des dépenses en 2000. La Cnam en conclut que «les médicaments les plus chers et les plus récents sont souvent prescrits au détriment de médicaments moins coûteux à l’efficacité comparable». Et souhaite donc favoriser la prescription de ces derniers.
Le deuxième facteur de hausse des dépenses avancé par la caisse est «le poids des médicaments traitant des pathologies lourdes». L’imatinib (Glivec), par exemple, utilisé dans le traitement de la leucémie myéloïde chronique et dans les tumeurs stromales gastro-intestinales malignes, est désormais le 10e médicament remboursé, avec un peu plus de 100 millions d’euros remboursés annuellement, pour environ 3 000 patients traités.
Quant aux prises en charge à 100 %, essentiellement réservées aux affections de longue durée (ALD), elles représentent 43 % des dépenses de médicament en 2005, contre 36 % en 2000.
Le « Top 10 » des médicaments les plus vendus est également analysé par la Cnam. On retrouve en première place le clopidogrel (Plavix), un antiagrégant plaquettaire, avec un montant remboursé en 2005 de 357 millions d’euros, en hausse de 20 % par rapport à 2004. Viennent ensuite quatre statines (atorvastatine, pravastatine sous forme princeps et générique, et simvastatine). La seule atorvastatine (Tahor) représente 300 millions d’euros de remboursement. Viennent enfin un antiasthmatique, deux antiulcéreux, un antihypertenseur et un anticancéreux. A noter que, selon des informations non confirmées, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s’apprêterait à annoncer 600 millions d’euros de mesures d’économies supplémentaires sur le médicament, dont 525 millions pèseraient sur les laboratoires et les pharmaciens et 75 millions sur les grossistes.
En ce qui concerne la pénétration des médicaments génériques, l’assurance-maladie a de quoi être satisfaite. En 2005, les génériques ont permis à l’assurance-maladie d’économiser 561 millions d’euros, contre 380 en 2004.
L’assurance-maladie est revenue sur la signature en janvier dernier d’un accord avec les pharmaciens, aux termes duquel ils s’engagent à parvenir à un taux de génériques de 70 % d’ici à la fin de 2006. «Les premiers résultats de cet accord sont positifs, indique la Cnam , puisque l’objectif intermédiaire a été atteint plus tôt que prévu avec 67% de génériques livrés en avril (l’accord prévoyait ce résultat pour le mois de juin). » La caisse fait observer que le taux de pénétration des génériques n’était en moyenne que de 60 % à peine à la fin de l’année dernière.
Paris, mauvais élève du générique.
Mais cette réussite cache d’importantes disparités.
Ainsi, des molécules comme l’amoxicilline (antibiotique) ou la metformine (traitement du diabète) ont des taux de pénétration respectifs de 77,3 et 76,8 %. A l’inverse, une molécule comme la gabapentine (traitement de l’épilepsie) présente un faible taux de générique avec 20,3 %. Disparités aussi en matière de géographie des résultats, très variables d’un département ou d’une région à l’autre.
Si les Pays de la Loire caracolent en tête du classement (le Maine-et-Loire frôle les 80 % avec un taux de 79,2 %), Paris fait un mauvais score avec un taux de 51,6 %.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature