« Franchement, travailler dans ce nouveau site, partager les salles avec les étudiants paramédicaux, ça nous fait bizarre et tout le monde est très content », se félicite le président de la Corpo, Paul Roquier.
« Avant, quand les cours avaient lieu dans les sous-sols du CHU, on voyait les profs débarquer en blouse entre deux rendez-vous dans leurs services, aujourd’hui, avec dix minutes de marche pour accéder au PFRS, ils se mettent en mode enseignant, constate Tom Marty, l’un des responsables du tutorat, ça les change et ça nous change aussi ! » « C’est vrai, confirme le Pr Guy Launoy, assesseur recherche, pendant trente ans la faculté a vécu dans des caves, avec des équipements vétustes, sous domination hospitalière, elle se découvre aujourd’hui une véritable autonomie pédagogique, en lien avec des laboratoires performants. »
Universitariation en marche
Une renaissance, plébiscitée concrètement par la présence d’étudiants nettement plus assidus en cours depuis l’ouverture de la première tranche du PFRS, lors de la dernière rentrée (+ 30 %). Sur le plateau Nord, qui regroupe le CHU, la plateforme biomédicale Cyceron, l’UFR de pharmacie, le Centre de lutte contre le cancer François Baclesse, des laboratoires INSERM et CNRS, ce PFRS aura été une bataille menée de vive lutte à partir de 2006 par l’ancien doyen, le P Jean-Louis Gérard, pour ce qu’il appelle « l’universitarisation de la profession médicale ». Tout le monde s’y est collé, conseil régional, (maître d’ouvrage), départements, agglomération et université, pour un budget de 56 millions.
Budget et calendrier tenus, avec une structure qui a accueilli 4 000 étudiants, à la dernière rentrée, non seulement les futurs médecins, mais mutualisant les cinq amphis (dont l’un de 1 000 places), les salles de cours, de TP et les laboratoires, les étudiants aides-soignants, infirmiers, sages-femmes, manipulateurs radios, ambulanciers. Le must de la structure, c’est une bibliothèque-cathédrale inondée de lumière. Tout est connecté dans cet environnement basse consommation, avec panneaux solaires, chaudière-bois et même, précise la responsable administrative, Sarah Chemtob, amphi végétalisé.
Architecture, domotique et technologie, « tout s’articule pour faire levier », note le nouveau doyen, le Pr Pierre Denise. Alors que l’UFR de Caen s’est longtemps plainte d’être sous-dotée en nombre de postes d’enseignants, traitée en parent pauvre, elle est aujourd’hui en capacité d’élaborer un projet stratégique axé sur les innovations santé, avec des partenariats privés (lire ci-contre) ; elle effectue sa mutation en passant à la pédagogie inversée : « Pour la majorité des enseignements donnés en second cycle, on a arrêté les cours magistraux au profit des échanges sur des cas cliniques, indique le Pr Nicolas Terzi, assesseur pédagogique. Sans tomber dans des phantasmes sur une médecine du troisième type, nous développons en particulier avec le CHU les offres du Lab-SUN (laboratoire de simulation universitaire normand). » Créé en 2009 parmi les tout premiers en France, « pour enseigner ce qu’on n’apprend nulle part ailleurs », explique son coordonnateur, le Dr Clément Buléon, qui poursuit : « Faire de l’applicatif (revoir les aspects pratiques des cours), mais surtout de l’exploratif (apprendre à prioriser les actions dans des situations complexes, comme les accidents routiers), c’est un outil de plus en plus incontournable qui va disposer de nouveaux moyens sur 280 m² : quatre salles de simulations, deux régies, deux salles de debriefing, quatre salles de procédures pour accueillir des internes en médecine d’urgence, mais aussi en pédiatrie, hématologie, gastro-entérologie. Les infirmiers aussi pourront s’exercer en basse et haute fidélité, avec une homogénéisation des pratiques. » Pédagogie inversée pour tous.
Les perspectives caennaises s’éclairent. « Nos nouveaux moyens vont nous renforcer dans le cadre de la réunification de la région Normandie », prévoit le Pr Gérard. Sans tomber dans la concurrence avec Rouen, mais sans vassalité, nous allons développer des synergies sous l’enseigne COMUE, Normandie Université, annonce le doyen Denise, tout en restant attaché à l’attractivité bas-normande, avec 60 % de nos étudiants qui s’installent dans la région. « L’UFR devrait logiquement remonter dans le premier tiers du classement des ECN », prévoit le Pr Launoy.
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