LE SYNDROME de l'intestin irritable se définit par une association de symptômes dont les caractéristiques sont régulièrement révisées pour une approche consensuelle diagnostique et thérapeutique (critères de Rome III).
La douleur ou l'inconfort abdominal chronique, le maître symptôme, sont associés à des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux).
Pour porter le diagnostic selon la nouvelle classification de Rome III, les douleurs doivent être présentes au moins trois jours par mois, durant les trois derniers mois, avec un début au moins six mois auparavant. Elles doivent être associées à au moins deux des trois caractéristiques suivantes : soulagement par la défécation, modification de la fréquence des selles et/ou de la modification de leur consistance.
«La prise en charge demeure un challenge pour le clinicien, surtout lorsque les symptômes sont anciens et lorsque les patients souffrent d'un fond douloureux abdominal chronique quasi permanent», souligne le Pr Stanislas Bruley des Varannes (CHU hôtel-Dieu, Nantes).
La prise en charge médicamenteuse des douleurs spasmodiques repose sur les antispasmodiques qui restent le traitement de première intention. Des métaanalyses et plusieurs essais récents visant à réévaluer leur efficacité ont montré qu'ils étaient efficaces sur la douleur abdominale, essentiellement dans les formes modérées de troubles fonctionnels intestinaux (niveau de preuve B).
Une étude prospective.
Une étude récente a évalué l'efficacité et la tolérance du phloroglucinol- triméthylphloroglucinol (Spasfon) versus placebo chez des patients ayant des troubles fonctionnels intestinaux dans les conditions réelles de prise en charge en médecine générale et selon les recommandations méthodologiques en vigueur (EMEA 2003, consensus Corazziari 2003).
Il s'agit d'une étude de phase IV, prospective, multicentrique, randomisée en double aveugle versus placebo, menée auprès de 307 patients présentant des troubles fonctionnels intestinaux diagnostiqués selon les critères de Rome II*. Ils ont été recrutés par 78 médecins généralistes.
La durée de leur poussée douloureuse était ≥ 2 jours, avec un seuil minimal de douleur compris entre 40 et 80 mm sur une échelle visuelle analogique (EVA de 100 mm).
N'étaient pas inclus les patients très anxieux avec un score > 7 sur l'échelle COVI de 12 et les patients avec une ancienneté de la maladie supérieure à dix ans.
Un traitement concomitant de leurs troubles fonctionnels intestinaux et la poursuite d'un traitement antidépresseur ou anxiolytique éventuel étaient autorisés au cours de l'étude.
Les patients recevaient Spasfon ou un placebo à la dose de deux comprimés trois fois par jour pendant sept jours avec la possibilité de deux prises supplémentaires par jour de 2 comprimés en cas de sédation insuffisante de la douleur.
L'évaluation de l'intensité de la douleur était effectuée à J0 et J7 par le médecin à l'aide d'une échelle visuelle analogique, et quotidiennement par le patient sur un carnet d'autoévaluation.
La variation de l'intensité douloureuse.
Le critère principal de jugement était la variation relative de l'intensité douloureuse entre J0 et J7 définie par I0-I7/I 0 (%).
Les critères secondaires de jugement étaient la variation absolue de la douleur (I0-I7), les variations quotidiennes de l'intensité et du soulagement de la douleur rapportées par les patients et l'évaluation du nombre de patients répondeurs (diminution de l'intensité de la douleur d'au moins 50 % par rapport à la valeur initiale).
Trois cents patients (151 dans le groupe traitement actif, 149 dans le groupe placebo), dont 72 % de femmes, d'âge moyen 46,9 ans ± 14,8 ans, ont été analysés en intention de traiter. L'ancienneté des troubles fonctionnels intestinaux était de 3,8 ± 2,8 ans.
La douleur évaluée à J7 était respectivement dans les groupes traitement et placebo de 25,9 ± 20 versus 33,7 ± 23,2 (p = 0,004). La diminution relative était de 57,8 % versus 46,3 % (p = 0,003), soit une différence de 11,5 %.
Le taux de répondeurs était respectivement de 62,3 % dans le groupe traitement versus 47 % dans le groupe placebo (p = 0,011), soit une différence de 15 %. Le soulagement de la douleur perçu quotidiennement par le patient était significativement plus important dans le groupe traitement dès le 3e jour de traitement.
Cette étude menée chez des médecins généralistes démontre l'efficacité de Spasfon dans le traitement des poussées douloureuses des patients souffrant de troubles fonctionnels intestinaux.
Entretiens de Bichat. « Les douleurs spasmodiques en gastro-entérologie.
Actualités et prise en charge ». Table ronde organisée par le Laboratoire Céphalon.
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