JAZZ/ROCK
Evoquer Roy Haynes, c'est un peu comme feuilleter l'encyclopédie du jazz. A 76 ans, le batteur est l'un des derniers grands noms du jazz moderne. En plus de cinquante ans de carrière, son chemin a croisé celui de musiciens très influents comme Lester Young, Miles Davis, Bud Powell, Stan Getz, Charlie Parker, Thelonious Monk, Chick Corea, Dizzy Gillespie ou Art Pepper, pour n'en citer que quelques-uns.
Son dernier album, « Birds of a Feather - A Tribute to Charlie Parker » (Dreyfus Jazz/Sony Music), est un magnifique hommage à la musique du Bird, trop tôt disparu à l'âge de 35 ans. Pour revisiter certains des thèmes les plus connus écrits par celui que l'on surnommait l'« Oiseau », et quelques standards du jazz, Roy Haynes a fait appel à des pointures du jazz actuel, à l'image de Kenny Garrett (saxo alto), Roy Hargrove (trompette), Dave Holland (basse) et Dave Kikoski (piano). Retour au passé avec des générations nouvelles, ce disque est très émouvant et plein d'agréables moments.
Trompettiste talentueux et compositeur très prolifique, Terence Blanchard est un enfant de La Nouvelle-Orléans qui aime faire (re)découvrir des gloires du passé à l'image de Jimmy McHugh.
Pour rendre hommage à ce compositeur de grands standards de la musique populaire, le trompettiste a fait appel à plusieurs chanteuses réputées du moment - Diana Krall, Jane Monheit, Dianne Reeves et Cassandra Wilson - pour enregistrer un disque intitulé « Let's Get Lost » (Columbia/Sony Music). Le leader, son groupe et ces vocalistes au timbre, au phrasé et à l'intonation si différents et personnels, revisitent ainsi des thèmes comme « I'm in The Mood For Love », « I Can't Give You Anything But Love » ou encore « On The Sunny Side of The Street », qui font partie de la culture américaine populaire et du répertoire du jazz.
Découvert sur la scène new-yorkaise voilà une dizaine d'années, le batteur Leon Parker (1) avait bien roulé sa bosse avant de choisir une carrière en solo et un style de batterie des plus minimalistes qui a fait sa réputation.
Dans son dernier disque, « The Simple Life » (Label M/Socadisc), Leon Parker, toujours en quête de nouveautés rythmiques, fait appel à la « percussion corporelle » en plus des instruments plus classiques, pour nous faire découvrir des compositions personnelles et des standards comme « Caravan ». Un seul regret, la voix criarde et mal placée de la « chanteuse » Elizabeth Kontomanou, qui vient déranger certains morceaux.
Autre batteur, autre style, autre approche des instruments et surtout autre école. Avec Daniel Humair pas d'expérience hasardeuse, aucun besoin de briller par un excès d'originalité, sauf si elle est technique. Tout repose sur la rencontre entre des hommes pour développer et faire vivre une musique, comme le prouve « Liberté surveillée» (Sketch/Harmonia Mundi), son dernier opus enregistré en compagnie de ses fidèles coéquipiers - Marc Ducret (guitare) et Bruno Chevillon (basse) - et du saxophoniste américain Ellery Eskelin, au Centre culturel suisse de Paris en juin 2001. Huit titres qui laissent éclater une musique intense, riche, puissante, survoltée, lyrique et prenante. Somptueux.
(1) JVC Jazz Festival, Paris, Sunside (01.40.26.21.25), du 24 au 26 octobre, 21 heures.
Rideau sur La Villette Jazz Festival
La suppression pour 2002 du La Villette Jazz Festival en juillet à Paris sonnerait-elle le glas, au sens strict du terme, des « festivals de jazz » ?
Les raisons conjoncturelles - départ de son ancien directeur, Jacques Pornon, également ex-responsable du festival Banlieues bleues, pour diriger la Maison de la culture d'Amiens - et structurelles - baisse de la fréquentation ou concurrence avec le Paris Jazz Festival du bois de Vincennes notamment - n'expliquent pas cette décision abrupte et inique.
En fait, derrière ce choix se pose toute la question de la véritable place du jazz dans un « festival » du même nom.
La disparition progressive des derniers grands noms, les caprices de diva de plusieurs stars actuelles, la mise à l'écart volontaire d'une certaine relève par manque de rentabilité commerciale et les profondes modifications dans le comportement du public sont autant d'arguments qui conduisent inéluctablement, depuis quelques temps, à soumettre des manifestations consacrées au jazz et à la musique afro-américaine à d'autres types de musique, surtout « world ». Au nom de l'ouverture, de l'éclectisme et du mélange culturel.
Issu de l'esclavage et de la rencontre entre plusieurs communautés, le jazz, musique du XXe siècle et de tout un peuple, a encore pourtant très de beaux restes.
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