> Jazz-rock
Un nouveau disque de Wayne Shorter est toujours un événement. Cependant, « Beyond the Sound Barrier » (Verve/Universal) n'est pas à proprement parler une nouveauté. En fait, il se place dans la lignée de « Footprints Live ! » (Verve/Universal, 2002), un précédent album enregistré en direct, et regroupe donc des titres gravés lors de tournées en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, entre 2002 et 2004. Comme toujours depuis 2001, année de la formation de son excellent - et vraisemblablement l'un des meilleurs actuellement - quartette, le légendaire saxophoniste (ténor et soprano) et compositeur est accompagné de Danilo Perez (piano), John Patitucci (basse) et Brian Blade (batterie). Quant au répertoire sélectionné, il se compose de cinq morceaux dus à la plume du leader, dont trois totalement inédits, et de deux standards, avec une reprise d'un thème classique de Felix Mendelsshon.
Cet album « live » donne toute la dimension de l'esprit jazz qui traverse Wayne Shorter et ses compagnons, entre héritage, modernité et progressisme. Ou faire évoluer parallèlement pour se rejoindre dans un centre névralgique plusieurs conceptions d'un même jazz plus que centenaire (1).
Ray Charles est parti voici un an. Pourtant, sa musique et surtout ses tubes demeurent immortels. A sa manière, le guitariste virtuose et tout-terrain musical John Scofield a voulu rendre hommage au « Genius » en replongeant, avec quelques amis, dans son univers désormais intemporel. Le résultat : « That's What I Say - John Scofield Plays the Music of Ray Charles » (Verve/Universal).
Associé à des musiciens et vocalistes prestigieux - Larry Golding (claviers), Steve Jordan (batterie), David « Fathead » Newman (trompette), Dr. John, Aaron Neville et Mavis Staples (chant) -, le guitariste a repris 13 titres écrits ou interprétés par Ray Charles. Avec des « marques déposées », comme « What'd I Say », « Busted », « Hit The Road Jack », « Unchain My Heart » ou « Georgia On My Mind », mais aussi des joyaux nettement moins connus. Le tout débouchant sur une musique sensationnelle, hyperrythmée, résolument funky et soul, avec des riffs de guitare du leader totalement étourdissants. Bref, un superbe hommage que Brother Ray aurait vraiment apprécié (2).
Trio impressionniste.
Les habitués des clubs de jazz parisiens ont déjà eu à maintes reprises - ou par curiosité - l'occasion d'entendre et de voir le trop discret saxophoniste-ténor Lenny Popkin, à la tête de son trio (sans piano), qui comprend Carol Tristano (batterie) et Jean-Philippe Viret (contrebasse). Digne héritier d'un jazz aux tempi médiums inspiré par le pianiste Lennie Tristano (le papa de la « batteuse »), Lenny Popkin vient d'enregistrer son premier disque depuis plusieurs années, « New York Moment » (Paris Jazz Corner/Universal Jazz).
Avec le délicat et subtil Eddie Gomez à la basse, le leader et compositeur explore à fond cette formule inhabituelle du trio et offre une vision singulière et parfois surannée d'une certaine forme de jazz, dans laquelle flottent climats et impressions. Lenny Popkin serait-il le dernier impressionniste du jazz moderne ?
Il n'est jamais aisé pour un contrebassiste de passer du rang d'accompagnateur à celui de leader. Pour cela, il faut de l'abnégation, des idées, une volonté de fer et surtout quelques amis solides. Ricardo Del Fra a réuni tout cela pour son dernier opus, « Roses & Roots » (Nocturne). A la tête de son groupe « Jazoo Project », le bassiste - et directeur du département Jazz & Musiques improvisées au Conservatoire national supérieur de musique de Paris -, ancien accompagnateur de Chet Baker notamment, dévoile tous ses talents de compositeur et d'arrangeur autour de onze thèmes originaux inspirés par des lieux (« Tempi Romani », « Venice Pics ») et des êtres (« Wayne's Garden ») qui l'ont marqué.
(1) Jazz in Marciac, 13 août ; Jazz à Ramatuelle, 16 août.
(2) Paris, New Morning, 18 juillet, 21 h 30.
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