UNANIMEMENT APPRÉCIÉ depuis plus de trente ans pour la maîtrise et la qualité de son travail, le trompettiste polonais Tomasz Stanko a légitimement retrouvé sa place dans l'élite européenne et internationale voici deux ans avec la parution de « Soul of Thing » (ECM/Universal). Celui dont les influences instrumentales entremêlent Miles Davis, Chet Baker, mais aussi Clifford Brown et Lee Morgan récidive aujourd'hui avec « Suspended Night » (ECM/Universal), un album dans lequel le leader est accompagné de son excellente et très homogène section rythmique 100 % polonaise - Marcin Wasilewski (piano), Slawomir Kurkiewicz (contrebasse) et Michal Miskiewicz (batterie) - qui permet au trompettiste, grâce à cette synergie, de se surpasser et d'affirmer son style épuré fait de séduction et de lyrisme.
Le guitariste Pat Martino, 59 ans, est un revenant. Tant musicalement que physiquement. Victime d'une tumeur au cerveau en 1980, il est opéré à deux reprises, sombre dans le coma et perd la mémoire. Alors à son apogée, il est obligé de tout réapprendre pour retrouver sa gloire passée, lui qui était considéré comme le fils spirituel de Wes Montgomery. Jusqu'à un jour de 1999, où, très affaibli, il est victime d'une grave pneumonie, lors d'un séjour à Paris, qui le ramène à l'hôpital. « Think Tank » (Blue Note/EMI), enregistré en 2003 avec des pointures comme Joe Lovano (saxe-ténor), Gonzalo Rubalcaba (piano), Christian McBride (basse) et Lewis Nash (batterie), pourrait donc être l'album de rédemption auprès du public. Huit titres, dont le magnifique « Africa » de John Coltrane, composent ce CD dans lequel le leader, « guitariste pour guitaristes », affirme toute sa virtuosité, son élégance et son groove subtil avec le soutien de sacrés solistes.
En 1951, le jeune trompettiste Miles Davis, 25 ans - accompagné notamment de J. J. Johnson (trombone), Sonny Rollins, Eddie « Lockjaw » Davis et Big Nick Nicholas (saxes-ténor), Kenny Drew ou Billy Taylor (piano), Tommy Potter ou Charles Mingus (contrebasse) et Art Blakey (batterie) - se produit à trois reprises au célèbre Birdland de New York (17 février, 2 juin et 29 septembre), pour des émissions radio de Symphony Sid. Enregistrées clandestinement par un fan, seules les deux dernières séances avaient été publiées en disques pirates. Désormais, grâce aux ayants droit, l'intégralité des enregistrements est disponible. Malgré un son d'origine assez pauvre remastérisé et remixé, « Birdland 1951 » donne toute la dimension du phénomène à venir que sera Miles Davis. Remarquable document sonore incluant compositions originales du leader et standards (de Denzil Best, Tadd Dameron ou Bud Powell), ce disque reflète la passion de jouer et de s'exprimer de géants qui marquèrent par la suite de leur empreinte l'histoire du jazz moderne. Absolument indispensable.
Le saxophoniste/clarinettiste Sébastien Texier - fils du contrebassiste Henri Texier - vient de signer, à 34 ans, son premier album sous son nom, « Chimères » (Night Bird Music/Harmonia Mundi). A la tête de son groupe, composé principalement de souffleurs (sans piano), le leader démontre ses qualités de compositeur, d'improvisateur et d'innovateur. Une personnalité s'affirme dans le paysage jazzistique français où la filiation joue un rôle important (1).
(1) Paris, Duc des Lombards (01.42.33.22.88), les 16 et 17 février, 21 heures.
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