Du mollah Omar à Ossama ben Laden, qui évoquent le terrorisme américain, en passant par Yasser Arafat, qui dénonce le terrorisme israélien, la contre-offensive médiatique se sert de la sémantique comme d'un boomerang.
Aussi ne faut-il pas avoir peur des mots : dès lors que le compliment nous est si bien retourné, n'hésitons pas à utiliser d'autres termes pour décrire l'extrémisme fanatique. Même si le mot terrorisme nous paraissait bon : qui n'a pas eu très peur quand les deux tours du World Trade Center se sont écroulées ?
Mais ne sous-estimons pas l'adversaire : sa phraséologie est percutante et tend principalement à désinformer les opinions arabes ou musulmanes, promptes à s'enflammer et à croire ce qu'on leur dit. L'AFP publie une petite enquête qui montre que le discours télévisé de Ben Laden a eu beaucoup de succès dans le monde arabe et parfois auprès de personnes qui sont cultivées et réfléchissent. Des Egyptiens sont sensibles, par exemple, à l'argument qui consiste à accuser l'Amérique d'avoir tué un million d'enfants en Irak, à cause de l'embargo.
Depuis plusieurs années, le régime de Saddam Hussein peut vendre son pétrole sur le marché international à hauteur de cinq milliards de dollars par semestre. Avec le produit de cette vente, Saddam Hussein est censé acheter des vivres et des médicaments. Dix milliards de dollars, cela devrait suffire pour nourrir et soigner les enfants d'Irak. Mais il se trouve que le dictateur a d'autres projets : ses palais, au nombre de trente-neuf, et la fabrication d'armes de destruction massive.
L'embargo contre l'Irak n'a jamais été vraiment efficace. Il se trouve seulement que la santé des enfants n'est pas la priorité de Saddam Hussein et que la bombe atomique passe avant eux. Mais comme les accusations de Saddam Hussein sont soutenues par beaucoup de gens en Europe, on ne s'étonnera pas de ce que même des Egyptiens cultivés y croient.
Aujourd'hui, des millions de musulmans sont donc convaincus que la cause de Ben Laden est bonne ; aucun, parmi eux, ne sait ou ne veut savoir que Yasser Arafat a refusé il y a un an un accord avec Ehud Barak qui lui aurait permis d'obtenir la souveraineté de 95 % de la Cisjordanie et de Gaza et une partie de Jérusalem. Si les Américains sont des terroristes, c'est donc parce qu'ils essaient de prévenir une attaque atomique ou chimique de Saddam Hussein et qu'ils n'acceptent pas encore que les Israéliens soient boutés hors d'Israël.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature