« NOUS SOMMES à mi-parcours du terme fixé à 2015, et beaucoup de pays sont loin d'avoir atteint les objectifs fixés », affirment les organisateurs de la Conférence qui s'ouvre aujourd'hui au palais des Congrès à Paris. L'Assemblée mondiale de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) s'est donné pour but en 1991 de dépister 70 % des nouveaux cas de tuberculose infectieuse et de guérir 85 % des cas dépistés d'ici à 2005. Parmi les objectifs du millénaire pour le développement fixés par l'ONU, ceux qui concernent la tuberculose visent à réduire de moitié la prévalence et la mortalité due à la maladie d'ici à 2015. « Il ne peut y avoir une amélioration de la santé sans un soutien au développement », précisent encore les organisateurs. Et cela quels que soient les objectifs : réduction de la mortalité infantile, amélioration de la santé maternelle, lutte contre les maladies comme le VIH/sida ou la tuberculose.
En 2002, selon des estimations, 2 millions de personnes sont mortes de tuberculose et 3 millions du VIH. Réunis récemment à Addis-Abeba (Ethiopie), les experts internationaux du VIH et de la tuberculose ont lancé un appel en faveur d'interventions communes contre les deux affections. Sur les 25 millions d'Africains qui vivent aujourd'hui avec le VIH, 8 millions sont également porteurs du bacille tuberculeux. Si l'Asie du Sud-Est reste le pays le plus touché en nombre de cas, avec 33 % de l'incidence mondiale rapportée au nombre d'habitants, l'incidence est deux fois plus élevée en Afrique (350 cas pour 100 000 habitants). La coïnfection y est plus importante.
Dots et Dots plus.
La lutte contre la tuberculose passe par la stratégie Dots qui, lorsqu'elle est bien appliquée, permet d'obtenir des taux de guérison allant jusqu'à 95 %, même dans les pays les plus pauvres. Dans la moitié de la Chine, où elle est progressivement mise en place depuis 1991, la prévalence est de plus de 30 % inférieure à celle enregistrée dans le reste du pays. L'extension de la couverture Dots doit se poursuivre. La stratégie Dots plus, quant à elle, vise à mieux prendre en charge la tuberculose polypharmacorésistante, de plus en plus fréquente, surtout en Europe de l'Est et en Asie centrale, en facilitant l'accès aux antituberculeux de deuxième intention (deux ans de traitement). C'est l'un des thèmes qui seront abordés au cours de la conférence.
A la veille de la réunion, Médecins sans Frontières a lancé un cri d'alarme : « La situation aujourd'hui s'aggrave. La tuberculose a été négligée par la recherche. Il faut aujourd'hui des outils diagnostics plus efficaces, de nouveaux médicaments qui réduisent la durée des traitements. De même, la stratégie Dots doit être revue. Elle n'inclut que les patients qui ont un frottis positif, ce qui exclut les patients malades mais dont le frottis est négatif », explique le Dr Francine Matthys, responsable de la campagne Accès aux médicaments. La coïnfection à VIH est un réel problème : « Aujourd'hui, sur le terrain, il est parfois plus facile d'instaurer une trithérapie que de traiter un patient tuberculeux dont le frottis est négatif », affirme-t-elle.
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