Décision Santé. Pouvait-on éviter les couacs de la grippe A (H1N1) ?
Valérie Boyer. Il faut d’abord préciser que nous ne sommes pas préparés à des campagnes de vaccination massive. À titre de comparaison, je voudrais tout de même vous rappeler des statistiques européennes. Pour la grippe, les pays se classent en trois catégories. Il y a ceux comme la Pologne, qui ont décidé de ne pas vacciner. D’autres, comme l’Italie et l’Espagne, ont vacciné une partie de leur population. Enfin, nous faisons partie de la troisième catégorie, à savoir ceux qui ont pris la décision de vacciner la totalité de la population. La Suède, les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, en font aussi partie. Et parmi ces pays, nous n’avons pas commandé plus de doses que les autres. Par exemple, le Canada dispose de 1,55 dose/habitant et la France de 1,46 dose/habitant. Après résiliation de 44 millions de doses, nous sommes en dessous de la Suède, des États-Unis et du Canada.
D. S. Mais pourquoi avoir commandé autant de doses d’un coup ?
V. B. Nous ne voulions pas être en manque de réponses. Qui plus est, la bataille n’est pas terminée : un nouveau pic épidémique est possible. Et rappelez-vous que lorsque la grippe a frappé le Mexique, l’OMS était extrêmement pessimiste. On parlait de milliers de morts. Et puis, au final, nous avons eu deux bonnes nouvelles. Le virus est moins virulent que nous le pensions, et nous n’avons besoin que d’une seule dose de vaccin.
D. S. Pourquoi n’avoir pas impliqué les médecins de ville dans le plan de vaccination ?
V. B. Cela tient avant tout à des raisons pratiques. Encore une fois, nous nous attendions à une crise majeure : nous voulions ainsi disjoindre le plan de vaccination de la médecine de ville, pour ne pas paralyser les médecins. Par ailleurs, dans un premier temps, les vaccins n’étaient pas conditionnés de telle sorte que nous aurions pu les distribuer aisément aux médecins de famille. Maintenant, c’est possible, et les médecins pourront participer au plan de vaccination.
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