« La Petite Lili », de Claude Miller

Nos vies au cinéma

Publié le 25/05/2003

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Cannes

Dans « la Mouette », Claude Miller a trouvé « tellement de concordances avec nos vies de cinéastes, de comédiens » qu'il a eu envie de l'adapter au cinéma et au monde contemporain. Cela lui permet de parler de ce qu'il connaît, de montrer « comment les artistes peuvent transformer leurs souffrances, leur vécu en travail et, dans le meilleur des cas, en uvre d'art ».

Dans une maison de vacances, sur l'Ile aux moines. Un jeune homme (Treplev dans la pièce de Tchekhov) va montrer à sa famille son premier essai cinématographique, dans lequel joue une jeune fille du cru (Nina) dont il est amoureux et qui veut devenir actrice. Le garçon est ambitieux et intransigeant, il rejette le cinéma que font sa mère (Arkadina), comédienne célèbre confrontée aux difficultés de l'âge mur, et l'amant de celle-ci (Trigorine), réalisateur à succès.
Avec le vieil homme (Sorine) qui regrette ce qu'il n'a pas fait, l'amoureuse incomprise (Macha) et deux ou trois autres personnages, le drame du désir, des jalousies et des regrets peut se nouer.
Claude Miller le raconte très simplement, en jouant plutôt de dialogues très écrits et des cordes sensibles de ses interprètes que d'une construction ou d'une mise en scène audacieuses.
Il arrive presque à maîtriser Jean-Pierre Marielle, auquel de toutes façons on est prêt à pardonner un peu de cabotinage. Nicole Garcia, qu'il retrouve après « Betty Fisher et autres histoires », est très juste dans un rôle un peu dur. Bernard Giraudeau et Robinson Stévenin s'affrontent avec subtilité. Julie Depardieu tient très bien sa place dans un faux second rôle. Quant à Ludivine Sagnier, qui a découvert le cinéma avec « l'Effrontée », qu'elle rejouait avec sa sur, elle n'est pas tout à fait aussi fragile qu'on aurait imaginé son personnage, on avait peut-être tort.
Fou de cinéma depuis l'âge de 12 ans, n'ayant jamais pensé faire autre chose, Claude Miller a mis un peu de lui-même dans les deux cinéastes qu'il met en scène. Le cinéma se nourrit de la vie, il la nourrit aussi.

Sortie le 27 août

Renée CARTON