Les vrais changements politiques et sociétaux ne résultent que de grandes ambitions et pas de vains combats. Notre République est malheureusement le plus souvent sujette à l’inflation législative. Il y a soixante-dix ans, au lendemain de la guerre, avec l’espoir d’un monde meilleur dans un pays blessé moralement, socialement et économiquement, est née la Sécurité sociale universelle. L’idée avait germé en fait au cours des années trente quand le pays faisait face à une crise qui, pensait-on, aurait pu être surmontée par plus d’unité et de solidarité. Quelques années plus tard, les hommes issus de la Résistance ont estimé que la santé des populations était une priorité. Ils ne sont pas trompés. Comme le souligne la ministre de la Santé Marisol Touraine, « célébrer la Sécu, ce n’est pas être dans le regret ou regarder un passé révolu ». En quoi, cette idée ne serait-elle plus d’actualité ? Il est vrai que la situation du pays n’a rien à voir avec l’état de pauvreté et de délitement moral et social de 1945. Mais le chômage, la maladie et la pauvreté d’aujourd’hui appellent à maintenir des solutions sociales de qualité sur le principe que « chacun sera à la fois contributeur et allocataire ». Pourtant des menaces viennent de la primauté d’un libéralisme mondialisé, des nouvelles technologies qui font exploser les cadres et de traitements trop chers qui laminent les fonds publics. Les nouvelles générations plus indépendantes et autonomes veulent desserrer le corset que la Sécu peut engendrer. Le conservatisme et la technocratie dans ces « grands machins » peuvent pousser les Français à s’en détourner… même s’ils disent encore aimer leur système de santé.
La nouvelle étape qui nous est proposée apparait bien terne. Pendant de trop longs mois, la santé a été secouée par des débats violents autour de la médecine libérale. L’hôpital est sur ses gardes face aux menaces de regroupements des structures malgré les assurances données par la ministre (voir notre entretien p. 7 à 9). Nos « trésors nationaux » doivent se rénover pour ne pas trôner dans un musée de la solidarité. L’autosatisfaction n’est pas de mise. Rassurer la médecine de ville, alléger l’hôpital, encourager les professionnels et bien servir les patients sont des objectifs qui restent à traiter… pour 2017.
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