R IEN ne devrait nous paraître plus important que les élections générales qui ont lieu dimanche en Italie et devraient porter au pouvoir, si l'on en croit les sondages, Silvio Berlusconi.
Car les liens et les affinités qui rapprochent l'Italie de la France sont multiples. Les Italiens ont même une supériorité sur nous : ils sont bien plus nombreux à parler le français que les Français l'italien. Leur attachement à l'Europe est probablement le plus fort parmi les Quinze. Industrieuse, productive, inventive, l'Italie n'est pas qu'un pays, c'est une civilisation infiniment moins décadente qu'on ne le dit parfois. Jusqu'à l'inguérissable Mezzogiorno qui renaît à la vie en se transformant en Silicon Valley !
Le plus grave travers de l'Italie, c'est son mode de scrutin proportionnel qui favorise l'éclosion de partis marginaux et dangereux. Un référendum, l'an dernier, proposait au peuple une réforme de la loi électorale ; elle n'a pas pu être adoptée parce que moins de 25 % des électeurs se sont présentés aux urnes.
La conséquence ne s'est pas fait attendre : M. Berlusconi, qui a déjà été président du conseil pendant sept mois en 1994, revient à la charge, après avoir associé son parti, Forza Italia !, à deux mouvements, la Ligue du Nord d'Umberto Bossi qui préconise la création de la Padanie, mythique Etat du Nord industriel qui abandonnerait le Sud et ses mafias, et l'Alliance nationale de Gianfranco Fini, un succédané de l'extrême droite. M. Bossi n'est pas qu'un séparatiste. Il a tout de Jorg Haider, le roitelet fascisant d'Autriche. Berlusconi, Fini, Bossi, tous ces gens-là se sont copieusement trahis dans le passé, ce qui a favorisé l'émergence du centre-gauche dirigé d'abord par Romani Prodi, puis par Massimo d'Alema. M. Prodi préside maintenant la Commission de Bruxelles et c'est dommage pour l'Italie où il a lancé des réformes considérables. Aujourd'hui, l'Italie a de nombreux atouts : elle a équilibré son budget, jugulé l'inflation, équilibré son commerce extérieur, rénové son administration, réformé le système de retraites. Sans tambour ni fanfare, elle rajeunit plus vite que la France.
La disparition de la démocratie-chrétienne a néanmoins laissé un vide qu'occupent aujourd'hui des leaders populistes, probablement corrompus et irresponsables. Et le centre-gauche, affaibli par ses divisions (le rôle des communistes ou anciens communistes ne leur est pas étranger), ne fait plus le poids. Dirigé par Francesco Rutanelli, ancien maire de Rome et candidat de charme, il devrait perdre les élections de dimanche. Cependant, si Berlusconi devient chef du gouvernement, il peut compter sur ses amis Bossi et Fini pour lui nuire.
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