« Médecin des pauvres », « médecin des indigents », « généraliste au grand cœur »... Cela faisait longtemps qu’un toubib n’avait pas fait un tel tabac auprès de la presse grand public ! En quelques mois, Didier Poupardin est devenu l’abbé Pierre de la médecine de banlieue. Il n’aura probablement pas gain de cause contre la Sécu du Val-de-Marne le 24 octobre. Mais peu importe : il quittera la chronique judiciaire avec un succès d’estime rarement atteint pour une blouse blanche. En pleines négociations sur les dépassements, les médias sont évidemment moins tendres vis-à-vis de ses confrères du secteur 2. Le traitement des deux « affaires » laissant accroire qu’il n’y aurait en France que deux catégories de médecins : les justiciers d’un côté, les profiteurs de l’autre.
Ce n’est pas à nos lecteurs qu’on expliquera que les choses sont en réalité beaucoup moins binaires… Pourtant, les honoraires libres comme l’ordonnancier bizone, nés à une décennie d’intervalle, résument assez les contradictions de notre système de santé. Le secteur 2 n’a t-il pas été fait pour masquer l’absence d’une politique de revenus digne de ce nom pour les médecins, au risque de voir décrocher le « pouvoir d’achat » de l’assuré ? Quant au bizone, ne visait-il pas à remédier (un peu) à l’inflation du 100 %, sans toucher au sacro-saint régime des ALD ou du moins sans le dire…
Non-dits, non-choix et décisions au fil de l’eau caractériseraient-ils donc notre système de soins ? Sur le sujet, on a assisté le week-end dernier à Chamonix au choc des cultures… Lors de la 4e convention CHAM (Convention on Health Analysis and Management), le face-à-face mettait en scène le patron du NICE britannique et son homologue de la HAS. Le premier détaillant le système des « QALYs » qui – pour faire court – attribue un tarif à chaque année de vie gagnée sur la maladie. Au-delà, les nouveaux traitements sont écartés par les autorités. De l’autre côté du Channel, on n’hésite pas non plus à fixer une enveloppe aux malades chroniques et, s’ils la dépassent, ils amputent par avance celle de l’année suivante… Shocking ? Vu de France, évidemment oui. Pourtant, le président de notre HAS n’est pas loin de convenir qu’à l’inverse le système français fait des choix, mais sans le dire et, au final, pêche par son opacité. Présenté cette semaine, le budget de la Sécu pour 2013 ne dissipe guère cette impression de manque d’audace. Avec son cortège de mesures d’économies, ce n’était rien d’autre qu’un PLFSS… « normal » !
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