De notre correspondante
Aujourd'hui, la quasi-totalité des hôpitaux et des laboratoires d'analyses médicales ainsi qu'une forte majorité de médecins (environ 80 %) sont informatisés. Mais tout ce petit monde communique parfois difficilement et ne bénéficie pas en tout cas d'un système simple et sécurisé.
Dans le Nord - Pas-de-Calais, ce n'est plus vrai : depuis peu, 12 000 médecins - hospitaliers et libéraux - peuvent travailler en effet en réseau grâce à RITHME. Un système d'information innovant permet l'échange de documents médicaux entre hôpitaux, médecins libéraux et laboratoires d'analyses. Cette prouesse technique a nécessité huit années de recherche.
Voilà déjà longtemps que le CHRU de Lille travaille au projet. Ici, les applications de l'« e-santé » remontent à 1992, et la télémédecine est presque une routine, avec 1 300 téléconsultations l'an dernier. D'autres hôpitaux sont très avancés dans le domaine, comme Armentières, qui travaille en réseau depuis 1999 avec une quarantaine de généralistes, et Montreuil-sur-Mer, relié à 70 généralistes depuis maintenant deux ans.
Avec le réseau RITHME, les informaticiens s'attaquent à un projet beaucoup plus ambitieux : mettre en réseau les hôpitaux et cliniques, les laboratoires d'analyses et les médecins libéraux à l'échelle d'une région. Depuis le début de février, cinq hôpitaux sont branchés sur le système : Lille, Armentières, Roubaix, Montreuil-sur-Mer et Valenciennes. Quatre autres suivront dans le courant de l'année : Arras, Tourcoing, Seclin et Denain. Côté médecine de ville, cent laboratoires d'analyses et cinq cents médecins (généralistes et spécialistes) sont également reliés. L'opération - d'un coût total de 2 millions d'euros - est cofinancée par l'Europe, la région, l'Etat et les hôpitaux.
Rapidité et sécurité
Le réseau lillois n'est pas un progiciel couvrant l'ensemble du système, mais un système d'intermédiation permettant de mettre en contact tous les partenaires, en respectant le système propre à chacun. Les mouvements de patients, les résultats d'analyses, les comptes rendus d'examens et les différents courriers pourront désormais transiter par ce réseau, avec rapidité et dans la sécurité. Le médecin traitant peut, par exemple, adresser la synthèse du dossier médical d'un patient avant son hospitalisation ou demander un rendez-vous dans un service spécialisé. De leur côté, les praticiens hospitaliers peuvent adresser le compte rendu des consultations ou des hospitalisations aux médecins qui suivent le malade.
Les médecins libéraux qui choisiront d'adhérer au système pourront le faire gratuitement la première année. Par la suite, un abonnement mensuel leur sera proposé pour une somme modique (entre 5 et 10 euros selon le volume du courrier). Quand on sait que, pour un médecin spécialiste, le coût du courrier peut atteindre 400 à 600 euros par mois, on mesure l'intérêt d'un tel système d'échanges.
Au-delà de la facilité de communiquer, c'est une nouvelle culture qui se met en place en même temps que le réseau : un travail en partenariat entre l'hôpital et la médecine de ville, avec une relation de confiance et des échanges constants d'information. L'enjeu est de taille et prendra du temps.
Pour l'heure, un cinquième des hôpitaux sont prêts à tenter l'expérience. Quant aux cliniques, elles étudient le dossier de près, précisent-elles.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature