Depuis des années déjà, le Nord - Pas-de-Calais se débat dans de graves problèmes de démographie médicale. La densité de médecins est de 220 pour 100 000 habitants, contre 332 à l'échelle nationale.
Pour les spécialistes, la situation est encore plus préoccupante puisque le pourcentage de spécialistes par rapport au nombre total de médecins est le plus faible de France. D'où la mobilisation décidée par l'ensemble des responsables régionaux de la santé pour inverser la tendance. Facultés de médecine, CHU de Lille, conseil régional, Direction sanitaire et sociale et agence régionale de l'hospitalisation (ARH) ont présenté cette semaine un plan d'action pour développer les ressources médicales du Nord - Pas-de-Calais.
La principale difficulté est de garder sur place les étudiants formés à Lille. Le taux de fuite de ces derniers est considérable : « Nous exportons 40 % des anesthésistes que nous formons, 30 % des gynécologues-obstétriciens et 50 % des oncologues », déplore Jean-Louis Salomez, président de l'observatoire régional de la santé.
Pour retenir ces étudiants, le plan régional prévoit plusieurs actions en direction des internes, notamment un meilleur accueil, grâce à une cellule d'information créée au sein de la faculté de médecine et à des rencontres avec les spécialistes déjà installés pour favoriser la constitution d'un réseau.
Il s'agit par ailleurs d'offrir des débouchés plus attrayants pour éviter que les internes ne fuient vers les soleil. Le CHU de Lille, dans cette optique, a créé une formule d'assistant spécialiste à temps partagé, sorte de postinternat assez attrayant pour de jeunes médecins. « Il s'agit d'un contrat proposé par le CHU aux autres établissements hospitaliers de la région pour pourvoir des postes vacants, explique Didier Delmotte, directeur général du CHRU de Lille. Une convention garantie par l'agence régionale d'hospitalisation offre aux internes intéressés un poste d'assistant spécial (à des conditions financières proches du PH) partagé entre une formation au CHU et un temps à l'hôpital de rattachement. » Une vingtaine de conventions ont déjà été signées. L'ARH a prévu de débloquer quatre millions de francs pour soutenir cette expérience originale.
Autre initiative développée pour compenser le déficit en psychiatres : la création d'une filière spécifique à la faculté de Lille permettant à des médecins recalés à l'internat de présenter le concours de psychiatrie après trois années de formation.
Enfin, la région a décidé de donner un coup de pouce aux étudiants en favorisant l'organisation de conférences d'internat dans les facultés de médecine lilloises destinées à mieux préparer les étudiants au concours : le financement apporté par le conseil régional se monte à 1,3 million de francs, ce qui limitera la participation financière des futurs internes à 1 600 F pour ces conférences.
Avec cette batterie de mesures, les acteurs régionaux de santé espèrent enrayer l'hémorragie d'internes et redonner au Nord -Pas-de-Calais une certaine attractivité. Leur objectif est ambitieux : rapprocher le taux de fuite des internes de la moyenne nationale, soit 25 %, et ne pas dépasser 20 % de postes de praticiens hospitaliers vacants pour chaque spécialité.
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