APRÈS UNE ANNÉE d’expérimentation, les impressions des médecins nordistes sur la nouvelle convention unique sont mitigées.
Certains généralistes apprécient d’être devenus le « pivot » des soins. «Le dispositif du médecin traitant est un progrès pour la continuité des soins, estime le Dr Denis Thuin, généraliste à Maubeuge. Il place le généraliste au centre du système. Cela dit, dans mon secteur, il existe très peu de nomadisme médical, car les patients sont très attachés à leur médecin de famille. Le dispositif du médecin traitant n’est que la concrétisation sur le papier de ce que nous pratiquions déjà depuis des années sur le terrain.»
En revanche, ajoute-t-il, «il a aggravé considérablement la quantité de paperasse, c’est vraiment le mal français».
Même son de cloche chez Eugène Castelain, généraliste à Noeux-les-Mines : «Les tracasseries administratives sont permanentes. Dans le bassin minier, nous avons un gros problème d’accès aux soins. Les personnes qui bénéficiaient jusqu’ici du tiers payant ont toutes les peines du monde à se faire rembourser, les caisses bloquant énormément de dossiers. Je suis médecin, je ne suis pas un administratif.»
Autre grief récurrent : la non-revalorisation des actes. «Pourtant nous faisons faire des économies à la Sécurité sociale», poursuit ce praticien. Un mécontentement que partage son confrère de Maubeuge : «Depuis un an nous avons rempli notre contrat. Il faut du donnant-donnant. Il n’y a pas de raisons pour que le bénéfice aille uniquement à l’assurance-maladie et aux mutuelles», s’insurge Denis Thuin.
Côté spécialistes, le changement n’est pas toujours sensible. «Cela fait vingt ans que je suis installé, et vingt ans que je travaille en parcours de soins», ironise le Dr Verbiese. Pour ce gastro-entérologue installé à Béthune, la nouvelle convention n’a pas eu d’effet notoire sur la pratique quotidienne mis à part les coups de téléphone incessants de patients inquiets. Alain-Noël Dubart, chirurgien à Lille, déplore lui aussi le manque d’information des assurés, le déficit de pédagogie. «Le parcours de soin a été mal défini par les caisses: c’est un réseau qui a été mis en place et non une filière, or il est présenté aux assurés comme un parcours obligatoire. Les patients gardent leur libre-choix mais beaucoup ne le savent pas». Pour ce praticien, les changements sont quand même moins perceptibles dans la région «car le déficit de spécialistes est important et les praticiens ont l’habitude depuis longtemps de travailler en réseau».
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