Dans le cadre du projet régional de santé (PRS) de la région Nord-Pas-de-Calais, l’agence régionale de santé (représentée par Daniel Lenoir, son directeur général) définit deux caractéristiques : l’innovation organisationnelle et l’innovation technologique. Pour la première, on sait que l’espérance de vie a augmenté, et cela est dû plus à l’amélioration des conditions de santé qu’aux moyens de soigner. La seconde, l’innovation technologique, elle est absente, car elle est implicite. D’où l’importance de la recherche et des inventeurs.
Le PRS de la région Nord-Pas-de-Calais a deux objectifs : améliorer la situation de la santé et lutter contre les inégalités de santé d’une part, et maîtriser l’évolution de la dépense qui est excessive dans la région d’autre part, et qui est due à un mauvais état sanitaire, et pas du tout à un excès d’offre ou de consommation. En santé, l’innovation ne permet pas forcément de réduire la dépense comme dans les autres secteurs économiques. Par contre, elle peut permettre de soigner mieux.
Les quatre leviers du PRS
Ces deux objectifs se sont traduits dans quatre leviers : améliorer la connaissance en santé dans la population, corriger les déterminants de santé qui ne sont pas bons, rendre plus précoce l’accès aux soins et organiser un parcours de santé coordonné.
Pour améliorer la connaissance en santé, il y a un travail important à réaliser sur le rapport à la connaissance en matière de santé qui est en train de changer par rapport au professionnel de santé (via les sites de santé grand public, les réseaux sociaux…). Par ailleurs, les données de santé sont insuffisamment exploitées : la pétition nationale qui circule actuellement et qui demande l’accès aux données de santé révèle le désir d’une meilleure connaissance. Enfin, il faudrait systématiser les études post-AMM et les faire réaliser par des entreprises indépendantes comme l’Inserm.
Concernant les déterminants de santé qui ne sont pas bons, les innovations en la matière sont innombrables. À partir du constat des chiffres qui indiquent que 80 % des gains d’espérance de vie sont liés aux conditions générales et 20 % aux soins, les patients qui ont une maladie chronique vivent plus longtemps grâce à l’amélioration des soins qui leur sont apportés. Dans la région sont répertoriés les risques au travail, environnementaux et surtout comportementaux liés aux comportements alimentaires et au manque d’activité physique. Une campagne contre l’obésité a été lancée depuis fin mars 2013.
Pour l’accès plus précoce aux soins, Daniel Lenoir mentionne l’expérience faite dans la région de Vigisanté qui consiste à dépister les risques cardio-vasculaires dans les moyennes et grandes entreprises. Enfin, le parcours de soins et de santé est une innovation en soi, comme celui mis en place sur le territoire pour les personnes âgées et en perte d’autonomie. Daniel Lenoir insiste particulièrement sur la place du médicament dans le parcours de soins. Innovation principale du PRS, la médecine personnalisée verra le généraliste principal coordonnateur des différents intervenants.
Les coopérations, innovations d’amélioration
Julie Zimmermann du centre hospitalier de Valenciennes cite 5 types de coopération : simple entre deux établissements, simple avec convention, coopération hospitalière de territoire (CHT), groupement de coopération sanitaire (GCS) et fusion d’établissements. Pour exemples, elle mentionne le GCS de neurochirurgie (Valenciennes et Chu de Lille), le GCS de la filière gériatrique de territoire et la CHT du valenciennois qui regroupe plusieurs CH de la région. De ces coopérations, elle en souligne les points positifs, à savoir la lisibilité et le maillage de l’offre de soins de proximité, la recherche d’économies d’échelle sur la logistique et les points à améliorer, à savoir la multiplicité des outils méthodologiques et juridiques qui rend flous les objectifs, la multiplicité des acteurs qui remplacent le parcours du patient par un « parcours du combattant ».
TéléAVC Nord-Pas-de-Calais, télémédecine et prise en charge des AVC
La télémédecine qui se pratique depuis au moins deux décennies peut être considérée comme un dispositif innovant pour améliorer la prise en charge du patient et les organisations. Elle relève plus de l’évolution des pratiques professionnelles que celles des technologies. Au-delà du plan national AVC 2010-2014, a été mis en place au niveau régional un maillage d’unités neuro-vasculaires dans un certain nombre d’établissements de santé. Le dispositif de télémédecine a permis de réorganiser complètement la prise en charge de l’AVC sur les deux territoires de santé, le Hainaut-Cambrésis et l’Artois Douaisis. Il se joue sur trois acteurs physiquement présents dans des organisations hospitalières différentes : l’urgentiste, le neurologue et le radiologue vasculaire. En deux ans, le taux de prise en charge des AVC dans cette partie de la région a augmenté de 50 %. L’orientation de la télémédecine du futur après la téléimagerie va vers une prise en charge des maladies chroniques et vers une surveillance continue des patients.
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