LES MEDECINS du Nord - Pas-de-Calais ont décidé de dépasser les habituels clivages public-privé : ils viennent en effet de signer un partenariat entre médecins libéraux et praticiens de l’hospitalisation privée, publique et des établissements privés à but non lucratif, pour la qualité des soins en établissements de santé. Une première en France, semble-t-il.
En matière d’évaluation des soins, le Nord - Pas-de-Calais figure parmi les précurseurs. Il fait partie des trois régions qui avaient expérimenté dès 1999 l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP).
Aujourd’hui, l’EPP étant rendue obligatoire par la loi, la région a décidé d’aller de l’avant en nouant un partenariat public-privé pour promouvoir la qualité des soins dans les établissements. Cinq partenaires viennent ainsi de signer une convention, avec le soutien de l’Agence régionale d’hospitalisation : le réseau santé qualité (qui accompagne les établissements dans les processus d’accréditation), l’Union régionale des médecins libéraux (Urml) et les trois conférences régionales des présidents de CME de l’hospitalisation publique, privée et Psph.
«La scission privé-public n’a pas lieu d’être. En matière de qualité des soins, la démarche doit être menée avec tout le système de santé: nous devons mettre toutes nos compétences en commun», assure Jean-Claude Farasse, trésorier de l’Urml, qui se félicite de la dynamique ainsi créée.
Concrètement, des réunions vont rassembler prochainement dans chaque bassin de vie tous les acteurs des établissements de santé publics et privés pour les sensibiliser à l’évaluation des pratiques et leur présenter les outils méthodologiques.
D’ores et déjà, les partenaires recensent les thèmes d’évaluation retenus par les établissements et les personnes ressources dans chaque spécialité. Et une réunion régionale de restitution des expériences EPP est prévue.
«Le privé et le public sont deux mondes assez cloisonnés: les généralistes ne savent pas comment fonctionnent les spécialistes en clinique, et ces derniers méconnaissent souvent les conditions de travail de leurs confrères… Il peut être interessant de mieux coordonner nos actions», constate le Dr Olivier Montaigne, urologue dans une clinique lilloise et président de la conférence régionale des présidents de CME du privé. «Dans bien des domaines, la qualité des soins concerne l’ensemble du plateau médical et non l’un ou l’autre secteur. Cela dit, cette coordination pose le problème du temps médical. Nous sommes dans un contexte de pénurie médicale et rien n’est prévu pour libérer du temps et des budgets affectés à la démarche de qualité des soins. Si cela ne perturbe pas trop nos pratiques, nous aurons à coeur de bien faire notre travail, mais s’il s’agit de pondre une nouvelle usine à gaz inexploitable, les médecins ne suivront pas.»
En tout état de cause, les praticiens de la région ont préféré prendre les devants en organisant eux-mêmes leur évaluation selon les référentiels de la Haute Autorité de santé, plutôt que se voir imposer par les pouvoirs publics des méthodologies qui ne répondraient pas à leurs attentes.
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