DANS LE NORD - PAS-DE-CALAIS, la Csmf a reçu, comme dans le reste de la France, un sérieux camouflet : elle recule de 23 points par rapport aux précédentes élections. Certes, elle reste en tête du scrutin global avec 38 % des voix contre 32 % pour la FMF, mais elle perd son leadership dans le collège des spécialistes (avec 41 % des voix contre 45 pour la FMF). Et, en termes de sièges, son avance se joue à un seul siège. Autant dire que la donne est sérieusement changée dans une région où la Csmf régnait en maître.
Le Dr Yves Rogeaux, tête de liste Csmf pour les spécialistes, admet qu’ «il va falloir désormais composer avec les autres. Le bureau unitaire, c’est fini. Désormais, il sera multipartite. Les alliances seront nécessaires».
Aucune majorité ne se dessine dans la nouvelle assemblée, et le soutien des formations minoritaires sera indispensable. «Nous avons une position d’arbitre», assure le Dr Pierre Gheraert, responsable de MG-59, qui totalise 17 % des voix, soit 4 points de plus qu’en 2000. «Les négociations pour la présidence de l’union se feront sur la base d’un programme. Pour l’heure, rien n’est décidé: MG-France se rapprochera de ceux qui défendent les mêmes idées que nous, et qui partagent les mêmes priorités pour la médecine générale.»
Ce généraliste roubaisien se réjouit du changement de paysage : «L’urml sera plus collégiale. Désormais nous sommes condamnés à nous entendre. Il faut que cet outil fonctionne.»
Les tractations vont bon train. Mais les différents responsables syndicaux avancent en terrain miné, car le précédent mandat a laissé des traces : « La radicalisation de la Csmf, qui avait confisqué tous les postes et exclu les autres syndicats, a créé des rancoeurs. Si la Confédération n’obtient aucune siège au bureau, elle n’aura pas à s’étonner», constate le Dr Alain Bournoville, du SML, qui s’attend à une mise en place compliquée de la prochaine assemblée.
«Aujourd‘hui, dit-il, il faut dépasser nos ressentiments et nous concentrer sur les dossiers importants. Mais, pour repartir sur de bonnes bases, il me semble indispensable de changer l’équipe qui se trouve à la tête de l’Urmel. Les responsables actuels ne sont pas assez consensuels.»
Même analyse à la FMF, grand vainqueur de ce scrutin, avec 25 % des suffrages chez les généralistes, et 45 % chez les spécialistes. «Personnellement, je souhaite dépasser ces guéguerres pour bâtir une union représentant tous les médecins, souligne Jean-Marc Rheby, tête de liste pour les généralistes. Il faut arrêter de se perdre dans des considérations politiciennes pour se concentrer sur les dossiers de terrain. Mais les débuts s’annoncent difficiles. Il y a tellement de contentieux avec l’Urmel que ce sera forcément tendu. Il faut que la Csmf fasse l’analyse de ce qui lui est arrivé et qu’elle change des têtes. Ceux qui ont voté contre la Confédération ont aussi voté contre un certain type de comportement. S’ils retrouvent le même système de commandement, cela va faire des étincelles.»
Pour l’heure, les différents syndicats attendent leur assemblée générale pour arrêter une position. Et personne ne dévoile ses batteries.
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