Nord - Pas-de-Calais : haute tension entre les caisses et les médecins

Publié le 27/05/2003
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Le torchon brûle entre l'assurance-maladie et les spécialistes du Nord - Pas-de-Calais.

Lundi, 384 d'entre eux ont reçu une lettre recommandée de leur caisse les menaçant de déconventionnement s'ils persistaient à appliquer des dépassements d'honoraires. « Nous ne sommes plus dans les négociations amiables, nous entrons dans la procédure », précise Antoine Chataignier, directeur de la caisse primaire d'assurance-maladie de Lille, qui tempère toutefois son propos : « Il ne s'agit pas pour nous de menaces, mais plutôt du constat d'une situation. Nous donnons aux spécialistes concernés un mois pour s'expliquer. Passé ce délai, nous examinerons chaque situation au cas par cas. »
Dans le collimateur des caisses : les gynécologues, qui sont 66 % à appliquer des DE, les ophtalmologues (64 %) et les pédiatres (la moitié). Les spécialistes de l'appareil digestif et les rhumatologues suivent massivement le mouvement avec respectivement 45 et 35 % de praticiens pratiquant les dépassements. Les cardiologues et pneumologues, en revanche, demeurent sous la barre des 5 %.
Quant au montant moyen des dépassements pratiqués, il est de 4,8 euros pour l'ensemble des spécialités, mais de 8 euros pour les cardiologues, pneumologues et psychiatres.
Pour l'heure, 384 spécialistes (sur 1 586 installés) ont été épinglés par les caisses, mais ils sont en fait beaucoup plus nombreux à appliquer des DE. D'après les recoupements de chiffres des 13 caisses de la région, il y aurait pas loin de 700 spécialistes concernés. Mais dans un premier temps, les caisses souhaitent concentrer leur action sur les spécialistes appliquant les plus gros dépassements (supérieurs à 10 %). Pour les autres, il n'est pas question de fermer les yeux mais plutôt de différer la procédure.
Le courrier adressé par l'assurance-maladie à plusieurs centaines de médecins a soulevé l'émoi de ces spécialistes qui ont aussitôt réagi.
« Le déconventionnement massif des spécialistes devient une éventualité très probable », dénoncent ensemble Yves Rogeaux et Alain-Nœl Dubart, présidents de l'UMESPE et de la CSMF, qui déplorent la « dégradation considérable des relations entre les caisses et le corps médical ». Réunis en assemblée générale le 4 juin, les spécialistes de la région feront le point sur la situation et présenteront la riposte de leur syndicat.

De notre correspondante Florence QUILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7343