Vos malades ont lu
« La Recherche », avril
Le Pr Bernard Granger, psychiatre et psychothérapeute à l'hôpital Necker, déterre la hache de guerre dans « la Recherche ». Selon lui, les interprétations véhiculées dans la presse donnent une image tendancieuse de la dépression. Il argumente contre ceux qui dénoncent « la civilisation du Prozac » : de Boris Cyrulnik, pour qui « le drame, c'est que notre culture techno-industrielle, pour éradiquer le malheur, trouve une solution moléculaire, alors que les solutions sont affectives et culturelles », à Philippe Pignarre, qui affirme que « l'épidémie de dépression est le fruit amer d'une fausse psychiatrie biologique », en passant par Alain Ehrenberg, qui voit dans le déprimé « l'envers exact de nos normes sociales ». A ceux-là, le Pr Granger rappelle que la dépression est une maladie connue depuis la nuit des temps. « Si crainte et tristesse durent longtemps, un tel état est mélancolique .» Cet aphorisme hippocratique, fait-il remarquer, reste une bonne définition, même si, comme toute pathologie, le tableau clinique s'est transformé au cours du temps. La dépression n'est donc ni une pure construction sociale, ni une invention de laboratoire.
Certes, l'industrie pharmaceutique cherche à maximiser ses profits. Mais il reconnaît qu' « elle a eu le mérite de synthétiser des médicaments psychotropes efficaces et irremplaçables qui ont considérablement amélioré le destin des malades atteints de troubles psychiques ».
Psychothérapeute lui-même, le Pr Granger défend les psychotropes. Ils « n'ont pas comblé les rêves scientistes qui en faisaient la clé pour comprendre biologiquement les troubles mentaux », mais ils restent supérieurs en efficacité ou maniabilité à tous les traitements proposés.
L'efficacité des psychothérapies, utilisées seules, n'a pas encore été prouvée et l'on s'oriente, affirme-t-il, vers une chimiothérapie antidépressive inscrite dans une démarche plus générale de prise en compte du sujet dans sa singularité, son histoire et son contexte psychosocial.
Maladie de l'âme ou du corps ? Les antidépresseurs n'ont pas résolu l'énigme. Avec Jackie Pigeaud, pourquoi ne pas répondre qu'elle est « une maladie de la relation de l'âme et du corps » et rompre ainsi la fausse opposition entre psychothérapie et chimiothérapie.
L'interim médical se porte bien
« L'Express », 3 au 9 avril
Cette semaine « l'Express » enquête sur un secteur qui se porte bien : l'interim médical. « Le marché a doublé en cinq ans, notre chiffre d'affaires - 130 millions d'euros en 2002 - a quadruplé, et nous ne parvenons pas toujours à répondre à la demande », révèle Patrice Campos, directeur général de l'Appel Médical, numéro un du secteur. Avec la pénurie de professionnels de santé à l'hôpital, le marché n'est pas près de se tarir. Entre 10 000 et 15 000 postes d'infirmières sont aujourd'hui vacants. « Le fossé démographique ne se comblera pas avant 2008 », pronostique Mireille Boiron, responsable depuis deux ans de Manpower Santé. Si les médecins ne sont pas (encore) concernés, les infirmières ne sont pas les seules à bénéficier de cette nouvelle manne. Elles sont certes les plus recherchées (deux tiers des demandes), « mais on s'arrache aussi les kinésithérapeutes, les aides-soignants, les sages-femmes, les manipulateurs radio ». Chacun semble y trouver son compte. « Je décide où, avec qui et à quel rythme je souhaite exercer. C'est un vrai luxe », témoigne cette infirmière de 30 ans qui a été en poste fixe pendant sept ans à Nantes et qui travaille depuis peu en région parisienne. Et le salaire suit : « Je suis logé, nourri, je ne fais pas les gardes de nuit et, financièrement, je m'en sors plutôt bien : 4 200 euros brut pour 169 heures. » C'est deux fois le salaire conventionnel. Les agences savent que la rareté se paie et ne lésinent pas sur les avantages : chèques cadeaux, facilité de crédit, participation aux résultats de l'entreprise. Pour remettre dans le bain ceux qui n'ont plus exercé depuis au moins cinq ans, Appel Médical finance, à hauteur de 60 %, une formation elle aussi rémunérée. Le privé qui pallie les carences du public : « Pas de doute, l'heure est grave », conclut l'hebdomadaire.
Et si les anciens avaient raison !
« Alternative santé », avril
« Philosophie pratique vérifiée dans les faits ou charlatanisme de bas étage ? » C'est la question que pose « Alternative santé » à propos de la théorie des signatures. Apparue en Chine au Ve siècle, elle prend son essor en Occident au XVIe siècle grâce à Paracelse. Les propriétés thérapeutiques de nombreuses plantes y sont codifiées à partir de leurs similitudes avec certains organes humains ou certaines maladies. Supplantée par la médecine hippocratique, elle survit dans les pratiques populaires. Pourtant, affirme le magazine, il se pourrait que ça marche.
Des exemples ? Nos vergers et nos forêts en regorgent. L'hépatique, en forme d'étoile bleue, blanche ou rose fleurit au printemps sur nos haies. Ses feuilles d'une couleur vineuse sur leur face inférieure évoquent les 3 lobes du foie. Après plusieurs siècles d'oubli, son usage traditionnel semble réhabilité : des études auraient montré que certains de ses composants ont réellement une action hépatique. Même chose, pour la ficaire. Ses racines renflées en forme de tubercules allongés rappellent étrangement des hémorroïdes, d'où son nom « d'herbe-aux-hémorroïdes ». Elle entre aujourd'hui dans la composition des plusieurs spécialités antihémorroïdaires. La pulmonaire, enfin. Ses grandes feuilles allongées couvertes de taches blanches rappellent les alvéoles de l'organe dont elle porte le nom. Utilisée autrefois dans les affections pulmonaires, elle a des vertus adoucissantes et expectorantes, dues à sa richesse en mucilage, que lui reconnaît la médecine moderne. « La théorie des signatures a de quoi nous donner à réfléchir. Il ne faudrait pas la réduire à un simple moyen mnémotechnique pour se souvenir des propriétés médicinales des plantes. »
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