Confidentialité, sécurité, formation et surtout rémunération adéquate : les chapitres que souhaitent aborder les syndicats représentatifs (CSMF, MG France, FMF, SML et Le BLOC) dans cette négociation sur le télémédecine sont nombreux.
« C'est un moment clé pour la médecine libérale, assure au « Quotidien » le Dr Patrick Gasser, président de l'UMESPE, branche spécialiste de la CSMF. Mais il y a un nouvel apprentissage à faire ».
Valoriser la complexité
La rémunération sera le sujet majeur. Tous les syndicats réclament une tarification attractive, seule capable d'assurer enfin le décollage de cette pratique. Tout ne sera pas possible : dans sa lettre de cadrage des négociations, Agnès Buzyn a demandé au directeur de la CNAM de veiller à ce que les tarifs de la téléconsultation « ne soient pas supérieurs » à ceux des actes réalisés en présence du patient.
« La téléconsultation est déjà utilisée par les généralistes, rappelle le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Cette pratique va concerner beaucoup plus de praticiens, il faut une valorisation à la hauteur des enjeux ». Il réclame une « classification commune des actes de télémédecine » tenant compte du niveau de complexité des consultations. Côté télé expertise, MG France souhaite que la rémunération du médecin requérant soit la même que celle du praticien expert. « Tous les deux font un travail important ; ils recueillent, analysent les données et font une synthèse », poursuit-il.
Le SML défend l'idée d'un « forfait structure » pour l'équipement technique, le matériel et les outils numériques assorti d'une tarification à l'acte « incitative ». « Le minimum est le coût d'une consultation classique. Si on fait moins, la télémédecine ne décollera jamais », prédit le Dr Philippe Vermesch, stomatologue à la tête du syndicat.
La CSMF affine ses propositions tarifaires : « Un avis ponctuel et court ajusté au minimum sur le tarif de la consultation de base et, pour un examen approfondi sur la base d'un dossier complet, un acte mieux valorisé à l'instar de ce qui se fait pour les consultations complexes et très complexes », évalue le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.
Pas question d'une gratification au rabais. « La télémédecine exige une nouvelle nomenclature où il faudra codifier chaque cas. C'est un vrai acte médical, ces négociations ne devront pas limiter le tarif à une demi-consultation », prévient le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF.
Reste à savoir aussi si cette négociation sera étendue aux actes de téléconseil, aujourd'hui non rémunérés, mais qui n'entrent pas dans le champ de la télémédecine.
Suivi postopératoire
Les jeunes généralistes de ReAGJIR attendent beaucoup des discussions sur la télé expertise. « On demande souvent des conseils aux spécialistes. La télé expertise permettra de discuter avec eux en présence du patient. L'échange permettra une meilleure prise en charge des cas complexes », se félicite le Dr Yannick Schmitt, président de la structure jeune.
Pour Le BLOC, ces négociations doivent permettre de s'intéresser au suivi postopératoire et à la coordination entre le médecin traitant et les équipes de soins. « Dans les spécialités chirurgicales, il faudra définir un cadre précis par exemple sur le suivi des plaies chroniques », souligne le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC.
Au-delà des tarifs, les partenaires conventionnels devront plancher sur le champ d'application des téléconsultations et de la télé expertise et sur les lieux de pratique (cabinet, maisons de santé ou autres sites). La question de la formation devra être abordée. « Il faudra construire des référentiels pour chaque spécialité et réapprendre une méthode de travail », commente le Dr Gasser.
Autre sujet incontournable : l'organisation pratique dans les territoires. Si la télémédecine est un outil privilégié dans les régions en manque de médecins, le dispositif risque de se heurter à la fracture numérique...
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