Renaudot

Nina Bouraoui : une enfance algérienne

Publié le 07/11/2005

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« Pendant trois ans, je me suis rendue une fois par semaine chez le docteur C. A chaque fois, j'avais l'impression de lui donner un livre », a dit Nina Bouraoui pour expliquer la genèse de son roman « Mes mauvaises pensées » (Stock), qui a reçu le prix Renaudot 2005. Elle l'a emporté au 11e tour par 6 voix contre 5 à Alain Mabanckou pour « Verre cassé ».
Si son livre est le récit de cette confession, il ne s'agit pas du récit d'une analyse mais bien d'un roman à l'ambition hypnotique, à l'écriture à la fois violente et sensuelle qui se déploie par vagues déferlantes, sans chapitres ni paragraphes, afin de mieux happer le lecteur. « Je dois tout écrire pour tout retenir, c'est ma théorie de l'écriture qui saigne », souligne l'écrivaine.
Agée de 38 ans - et déjà auteur de huit romans dont « la Voyeuse interdite », prix Inter en 1991, « le Bal de murènes », « Garçon manqué », « la Vie heureuse » ou « Poupée Bella » - Nina Bouraoui a passé les quatorze premières années de sa vie en Algérie après être née à Rennes d'une mère bretonne et d'un père algérien.
Il est question dans son roman de son enfance algérienne, de ses rencontres et ses séparations qui sont autant de constructions et de déconstructions « d'un édifice amoureux ». « Je n'ai jamais quitté l'Algérie, on m'a enlevée à l'Algérie, je n'ai jamais fait mes adieux, j'ai appris à "devenir" en France et je crois que je suis née deux fois. » Et, ajoute-t-elle, « ce livre est aussi mon retour vers le pays où j'ai laissé quelque chose qui n'a jamais cessé de grandir dans mon dos et qui n'a jamais cessé de m'effrayer ».
Comme dans ses précédents romans, « Mes mauvaises pensées » revient sur les questions qui la hantent depuis toujours comme l'amour, la famille, l'homosexualité. « Enfant, j'étais déjà folle des filles et je trouvais cela normal. Je savais que j'étais différente », a-t-elle déclaré.