Un sondage « le Quotidien du Médecin »-IFOP

Nicolas Sarkozy et Roselyne Bachelot en chute libre chez les médecins libéraux

Publié le 27/02/2008
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LA DÉCRUE EST SÉVÈRE. Certes, on savait que l'état de grâce dont bénéficiait depuis son élection le président de la République était terminé depuis quelques mois, et que les médecins, comme l'ensemble des Français, considéraient désormais d'un oeil critique la politique menée par Nicolas Sarkozy. Il n'empêche : les résultats du sondage réalisé par l'IFOP pour « le Quotidien du médecin » auprès de 401 médecins libéraux (voir fiche technique) sont cruels pour le chef de l'Etat.

Avec seulement 38 % d'opinions positives, et 59 % d'avis négatifs, le président perd 19 points par rapport au sondage publié il y a cinq mois par « le Quotidien » (voir « le Quotidien » du 1er octobre 2007), puisque son action en matière de politique de santé et de protection sociale était alors saluée par 57 % des médecins libéraux.

La tentation est évidemment forte de comparer le résultat de ce sondage à celui publié dimanche par « le Journal du Dimanche » qui montrait que 38 % des Français – le même score – étaient satisfaits de la politique générale du président de la République.

Les déçus du sarkozysme.

Certes, il faut rester prudent et noter que les questions posées aux Français et aux médecins ne sont pas strictement identiques, puisque l'une concerne l'ensemble de la politique de la France et l'autre seulement la politique de santé et de protection sociale. Mais la similitude des résultats confirme bien la dégradation de l'image du président. Même auprès des médecins libéraux qui, à quelques jours de l'élection présidentielle de 2007, se prononçaient pourtant à 75 % pour le futur vainqueur, contre 25 % à sa rivale socialiste (voir « le Quotidien » du 12 avril 2007).

C'est dire si la désillusion est importante. Si l'on regarde de plus près le résultat de ce sondage, plusieurs constatations s'imposent : il est ainsi évident que les médecins libéraux, plutôt traditionnellement proches de la gauche ou du centre et qui avaient rejoint lors de l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy puis lui étaient restés fidèles les premiers mois de son quinquennat, sont revenus aujourd'hui vers leur famille traditionnelle. Ce sont à l'évidence les déçus du sarkozysme. Par ailleurs, un certain nombre de médecins proches de l'UMP n'ont pas, lors de ce sondage, affirmé leur soutien au chef de l'Etat. Il est ainsi significatif qu'en octobre dernier 76 % de ces praticiens soutenaient très fortement la politique de santé et de protection sociale affichée par le président. Dans le sondage publié aujourd'hui par « le Quotidien », ils ne sont « plus » que 58 %. Un score certes honorable, mais qui marque un désenchantement certain. Enfin, et c'est peut-être plus préoccupant pour le président, seuls les médecins libéraux âgés de 65 ans et plus, jugent positive l'action de Nicolas Sarkozy dans le domaine de la santé. Dans toutes les autres catégories d'âge, et notamment chez les médecins âgés de 45 ans à 54 ans – les plus sévères –, les opinions négatives l'emportent sur les avis positifs.

Les critiques des médecins ruraux.

On notera aussi que ce sont les médecins des communes rurales qui sont les plus critiques vis-à-vis du président puisque seulement 29 % d'entre eux approuvent son action dans le domaine de la santé et de la protection sociale, alors que 64 % la critiquent. Pour certains observateurs, le projet de maisons de santé pluridisciplinaires, invoqué à plusieurs reprises par le ministre de Santé et lors de la première phase des états généraux de l'organisation de la santé, projet qui inquiète fortement les médecins ruraux qui craignent une concurrence qu'ils ne pourraient maîtriser, pourrait expliquer ce mauvais résultat.

Désillusion aussi pour Roselyne Bachelot qui, pour la première fois, voit sa cote de popularité chuter et qui recueille plus d'opinions négatives que positives. Quarante-six pour cent seulement des médecins libéraux font confiance à la ministre de la Santé, alors qu'ils étaient 53 % en septembre 2007 et 67 % en mai de l'année dernière, quelques jours après sa nomination dans le premier gouvernement Fillon. Un score qui doit laisser un goût amer à la ministre qui peut s'estimer mal récompensée des efforts qu'elle a fournis. Même s'il est vrai que les médecins libéraux peuvent regretter de leur côté que la ministre de Santé n'ait pas pris suffisamment en compte leurs inquiétudes et leurs préoccupations. «J'ai construit une relation de confiance avec les médecins», affirmait Roselyne Bachelot dans l'entretien publié par « le Quotidien » le 15 février dernier. A l'évidence, ce n'est pas tout à fait l'opinion des intéressés.

Enfin, on notera que les médecins comme les Français regardent les élections municipales comme un scrutin avant tout local. Une opinion largement majoritaire, puisque 80 % des médecins libéraux (67 % de l'ensemble des Français) affirment qu'ils se prononceront les 9 et 16 mars prochains en fonction des considérations locales, et qu'ils ne prendront pas en compte, ni dans un sens ni dans l'autre, la politique suivie par le président de la République et le gouvernement. Un résultat qui confirme aussi sans doute la forte implication des médecins dans la vie locale.

Fiche technique

Etude réalisée par l'IFOP pour « le Quotidien du Médecin » à partir d'un échantillon de 401 médecins, représentatif des médecins libéraux.

Ont été interrogés 253 médecins généralistes et 148 médecins spécialistes.

La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, spécialité) après stratification par région et catégorie d'agglomération.

Les interviews ont eu lieu par téléphone sur le lieu de travail des personnes interrogées, du 19 au 22 février 2008.

> JACQUES DEGAIN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8321