UNE LISTE « NICE ARC-EN-CIEL » pour redonner des couleurs à Nice : le slogan fait mouche. Le Dr Hervé Caël, qui a été adoubé par François Bayrou pour représenter le MoDem aux élections municipales et qui conduit cette liste dans le chef-lieu des Alpes-Maritimes, est de plus en plus persuadé que la population niçoise est sensible à son initiative. «La ville a besoin d'un projet novateur, d'un nouvel élan, de femmes et d'hommes nouveaux venus d'horizons différents»,affirme-t-il. D'où des candidats et des personnalités sensibles aux idées du MoDem, mais aussi des proches du Parti des radicaux de gauche (PRG) et du Mouvement des écologistes indépendants (MEI).
«Notre objectif, affirme le Dr Caël, est d'obtenir 10% des suffrages au premier tour, ce qui nous permettrait de nous maintenir au second tour.» Ou tout au moins de jouer les arbitres et de « compter ».
A moins que le candidat officiel de l'UMP, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Christian Estrosi, ne remporte la mise dès le premier tour – un sondage publié en novembre par le quotidien local « Nice-Matin » le créditait de 51 % des suffrages, loin devant tous les autres candidats. «On n'en est plus là, commente aujourd'hui Hervé Caël, et la liste de Christian Estrosi est bien en deçà des 50%.»
Les espoirs d'Hervé Caël de bien figurer dans cette élection sont renforcés par la division de la droite et de la gauche. Dans le premier camp, face au ministre, se maintient le maire sortant Jacques Peyrat, ancien membre du Front national rallié au RPR puis à l'UMP, qui dirige la ville depuis 1995 et qui n'a pas digéré, le mot est faible, la candidature de Christian Estrosi. A gauche, le candidat de 2001, Patrick Mottard, qui avait réalisé à l'époque un excellent score, n'a pas été investi cette fois-ci par le PS, qui lui a préféré Patrick Allemand. D'où le courroux du premier qui a décidé de se présenter malgré tout et conduit la liste « Nice Autrement ». Cette cacophonie servira-t-elle réellement les ambitions du Dr Hervé Caël ? Ce syndicaliste médical – d'abord membre de la CSMF, puis aujourd'hui de la FMF – en est en tout cas persuadé.
Le « trou » de Pasteur 2.
Ce généraliste, médecin urgentiste à la clinique privée du Belvédère, est un partisan de la collaboration étroite public-privé à l'hôpital. A Nice, le Dr Caël s'inquiète cependant pour les travaux du nouvel hôpital Pasteur 2 qui doit compléter le CHU de la ville. Aujourd'hui, c'est encore un trou béant devant lequel Hervé Caël et des membres de son équipe ont posé pour signifier aux électeurs l'importance de cet établissement. Le CHU de Nice bénéficie en effet d'une réputation qui va bien au-delà de la ville et des cités de la région. On vient de loin pour se faire soigner à Nice, même si Marseille n'est finalement pas si loin et si la principauté de Monaco et son célèbre centre hospitalier Princesse-Grace accueille sans problèmes les ressortissants français.
Faut-il réellement s'inquiéter pour Pasteur 2 ? «Si j'ai choisi de parler du trou de l'hôpital Pasteur, expliquait Hervé Caël lors de sa conférence de presse sur la santé, c'est qu'il est symbolique de l'arrêt du chantier alors que la construction de cet établissement représente un formidable projet médical pour Nice.» Dans un entretien à « Nice-Matin », le directeur du CHU de Nice, Emmanuel Bouvier-Muller, tout en reconnaissant des difficultés de financement ( «57 millions d'euros» manquent pour lesquels l'Etat et les collectivités vont être sollicités), affirmait que l'hôpital verrait bien le jour : «L'ouverture de la première tranche est prévue pour fin 2011 et la deuxième pour fin 2013». Ce qui n'a pas forcément rassuré Hervé Caël.
Le leader de la liste arc-en-ciel, dans sa campagne, met aussi l'accent sur la nécessité de prendre en compte les ravages causés par la maladie d'Alzheimer dans une région qui compte beaucoup de personnes âgées. La visite du président de la République à Nice pour présenter son plan de lutte contre ce fléau a été reçue par les candidats aux municipales comme un soutien, sans surprise, au secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. Pour autant, Hervé Caël s'interroge sur l'annonce de la création d'une unité de cinquante lits supplémentaires à Nice pour les patients atteints de la maladie. «En fait, dit-il, cette structure existe déjà à l'hôpital Cimiez et sera juste transférée dans le nouvel institut Claude-Pompidou qui sera mis en place. C'est donc juste un transfert de lits, un jeu d'écriture.»
Les franchises dans la campagne.
On s'étonnera aussi que le débat des franchises médicales se soit invité dans cette campagne niçoise. Hervé Caël ne cache pas son hostilité à ce principe. «A travers ces taxes, lance-t-il lors de ses rencontres avec la population, on impose uniquement aux malades de participer à la solidarité nationale, alors que cela doit être un effort demandé à l'ensemble de la population.» Les franchises «pourraient devenir un enjeu dans la campagne municipale niçoise», insiste-t-il. Avec, d'un côté, un « candidat-ministre » qui défend ce principe au nom la solidarité gouvernementale et, de l'autre, un candidat officiel du PS, Patrick Allemand, qui propose de donner à 20 000 ou 25 000 seniors niçois, défavorisés, un chèque de 50 euros (plafond annuel de la franchise) pour compenser ces taxes. « Pure démagogie», commente Hervé Caël.
Si la politique de santé tient une place importante dans le programme de la liste arc-en-ciel, elle ne saurait faire oublier les autres dossiers chauds de cette campagne plus agitée qu'on ne s'y attendait. «Il est sûr que l'avenir de Nice se joue en partie dans cette élection», estime-t-il.
Les candidats doivent se prononcer sur des dossiers aussi importants que les transports, la politique de proximité, la construction du Grand Stade ou l'avenir du port de Nice… Autant d'urgences, estime le leader de la liste arc-en-ciel, qui n'en finit pas de parcourir les quartiers de la cité azuréenne. «Il y aura des surprises», assure-t-il, à qui veut l'entendre.
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