Après une année de « bouleversements » marquée par le « terrible bilan humain » (15 000 morts) provoqué par la canicule mais aussi par un contexte économique « maussade » qui « a fortement aggravé » les comptes de l'assurance-maladie, Jean-François Mattei, qui présentait ses vœux à la presse, s'est efforcé de montrer qu'il tenait bon la barre et regardait l'avenir.
Evoquant un programme de travail « considérable » pour les 12 prochains mois , il a affirmé que la réforme de l'assurance-maladie était l' « objectif numéro un » de son ministère avec désormais « une obligation de résultat ». « Même avec une croissance satisfaisante, le déficit de l'assurance-maladie dépasserait les 100 milliards d'euros en 2020, soit l'équivalent de 5,5 points de CSG ; ce n'est pas supportable », a-t-il rappelé pour planter le décor.
Le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie remet vendredi à M. Mattei son diagnostic, première étape avant une phase de concertation puis de négociation avec les partenaires sociaux et les professionnels. Mais le ministre de la Santé est resté très discret sur les orientations de la réforme, en se contentant de souligner les « défis » à relever : « manque de clarté dans les responsabilités », « organisations imparfaite de l'offre de soins », « gaspillages et abus trop nombreux ».
Les enjeux de la réforme
Sur tous ces points, Jean-François Mattei espère que le rapport du Haut Conseil aura un « rôle pédagogique pour les acteurs puis, plus largement, pour l'opinion publique ». Une nouvelle fois, le ministre a fait appel à « la responsabilité de toutes les parties »: professionnels de santé, patients, gestionnaires des organismes d'assurance-maladie, Etat.
Sur le fond, Jean-François Mattei a expliqué, presque dans les mêmes termes que Jacques Chirac, que l'enjeu de la réforme était de « consolider notre assurance-maladie à la française (...) sans imposer à nos concitoyens des charges excessives ». Il a écarté toute évolution vers un système de soins « comme celui du NHS britannique, géré par l'Etat et sans libre choix du médecin » ou encore « à l'américaine, en raison notamment de son caractère coûteux et inéquitable ».
Il refuse tout autant une organisation qui « mettrait en concurrence les assureurs », une piste que propose d'explorer le Medef. « En clair, nous ne voulons pas d'une médecine à deux ou trois vitesses », a-t-il martelé.
Loin de sous-estimer la tâche « peut-être plus ardue encore que la réforme des retraites », le ministre de la Santé s'est dit « prêt et déterminé » à affronter personnellement les difficultés, même si des rumeurs récurrentes annoncent son départ à l'occasion d'un prochain remaniement. Jean-François Mattei aborde ces défis apparemment « impossibles » animé de trois vertus : l' « humilité, l'ambition et la passion, qui conduisent à croire que l'on peut y arriver et que l'on va y réussir ».
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