CONGRES HEBDO
Nez et bronches sont deux cibles préférentielles de l'allergie, ce qui explique que rhinite et asthme coexistent souvent chez un même patient. Les asthmatiques se plaignent d'ailleurs de leur nez, voire de leur sinus, dans plus des deux tiers des cas.
Un travail suédois corrobore tout à fait cette impression d'une omniprésence de l'atteinte nasale chez les asthmatiques.
En interrogeant et en examinant des asthmatiques, J. Hellgren et coll. (Göteborg, Suède) ont retrouvé des antécédents de rhinite non infectieuse chez 82 % d'entre eux contre 45 % dans le groupe contrôle.
Le rôle de l'ICAM-1
De plus, la comparaison entre asthmatiques et témoins sans antécédents de rhinite a permis de mettre en évidence un oedème de la muqueuse nasale rétrécissant de façon significative le passage disponible pour l'air chez les asthmatiques. L'oedème allait de pair avec des manifestations nasales désagréables plus marquées.
Ce gonflement de la muqueuse nasale est probablement en rapport avec un fond d'inflammation traînante qui persiste même entre les périodes d'activité des rhinites aussi bien saisonnières, le fameux rhume des foins, que perannuelles dues aux acariens contenus dans la poussière de maison dont les symptômes peuvent se manifester tout au long de l'année.
Conséquence de cette inflammation, la muqueuse continue à exprimer, en petites quantités, certaines substances inflammatoires dont la molécule d'adhésion ICAM-1 qui joue non seulement un rôle dans les phénomènes inflammatoires consécutifs à la réaction allergique, mais qui est également le récepteur préférentiel des rhinovirus, principaux responsables des infections virales de l'enfant.
Ainsi s'expliquerait la plus grande sensibilité des enfants asthmatiques aux infections virales et l'importance des infections virales dans la genèse des crises d'asthme chez l'enfant. Une infection virale des voies aériennes supérieures, essentiellement à rhinovirus, est retrouvée dans 80-85 % des exacerbations d'asthme chez l'enfant et dans 44 % chez l'adulte.
Des résultats récents viennent en plus de montrer que les modifications inflammatoires de la muqueuse nasale induites par les infections virales sont plus persistantes chez les sujets atopiques que chez les non atopiques. Autre versant des relations nez-bronches, environ un quart à un tiers des patients souffrant de rhinite sont également asthmatiques. Chez les sujets présentant les deux affections, c'est en règle générale la rhinite qui a été présente la première, indiquant la possibilité d'une évolution naturelle allant de la rhinite à l'asthme, ce qui est probablement vrai quand l'asthme est de nature allergique. Mais surprise ! La coexistence rhinite-asthme n'implique pas ipso facto que l'asthme développé par un sujet atteint de rhinite est de nature allergique. De plus, l'évolution de la rhinite à l'asthme ne serait en rien l'apanage des seuls sujets ayant un terrain atopique.
La rhinite favorise l'asthme
La plus grande fréquence des manifestations asthmatiques chez les patients souffrant de rhinite serait en fait tout simplement le reflet d'une sensibilité particulière de la muqueuse bronchique que l'on rencontre beaucoup plus fréquemment chez les sujets ayant une rhinite que dans la population normale. La muqueuse réagirait de façon exacerbée à toutes sortes d'irritants n'ayant rien à voir avec des allergènes. La fumée de tabac, qu'il s'agisse du tabagisme actif ou passif, est un exemple bien connu. Les résultats d'une enquête suédoise menée par le Dr D. Weinfeld et coll. (Göteborg, Suède) par voie postale auprès de 321 asthmatiques et de 1 459 témoins pris au hasard illustrent parfaitement à la fois la relation entre rhinite et asthme et l'indépendance de cette relation vis-à-vis de l'atopie. Le risque de développer un asthme quand on a une rhinite existe quel que soit le type de rhinite. Le risque le plus faible, mais quand même déjà multiplié par 3 en moyenne, concerne les rhinites non allergiques et non infectieuses, le risque le plus élevé, multiplié par presque 8, concerne les rhinites allergiques perannuelles, comme celles qui sont en relation avec la présence de poils d'animaux. L'autre point intéressant de ce travail est de confirmer que ce n'est pas une propension particulière à faire des affections allergiques qui explique le risque. Pour tous les types de rhinite, le risque de développer un asthme est systématiquement plus important chez les sujets non atopiques, c'est-à-dire sans notion d'affections allergiques chez les parents ou les frères et surs. Ainsi dans le cas des rhinites par allergie aux poils d'animaux, la probabilité de développer un asthme est multiplié par 3 à 6 chez les atopiques, mais par 9 à 20 chez les non-atopiques. Au vu de ses données, il apparaît que les voies aériennes hautes et basses sont à considérer comme une seule entité influencée par un processus inflammatoire commun et probablement évolutif, entretenu et amplifié par des mécanismes interactifs. C'est la raison pour laquelle, face à une rhinite ou à un asthme, un double bilan, ORL et respiratoire s'impose.
D'après les interventions des Drs J. Hellgren et D. Weinfeld (Göteborg, Suède)lors du symposium " Muqueuse nasale et muqueuse bronchique : entités indépendantes ou interactives? "
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