SEPTIèME CANCER chez l’homme et neuvième chez la femme, le cancer du rein représente approximativement 3 % des cancers de l’adulte. Le type histologique le plus fréquemment rencontré est le carcinome à cellules rénales (RCC – 70 % des cas). Dans la majorité des cas (83 %), la maladie est découverte de manière fortuite et dans 50 % des cas, les malades sont à un stade avancé ou métastatique. Le diagnostic de cancer du rein repose sur le scanner avec un produit de contraste et l’échographie. L’examen histologique confirme le diagnostic et établit les facteurs microscopiques de pronostic. Les tumeurs du rein sont des tumeurs volumineuses et très vascularisées. L’évaluation du pronostic est nécessaire tant pour la décision thérapeutique que pour l’évaluation de la progression de la maladie. En effet, si les taux de survie des patients atteints d’un cancer du rein (RCC) se sont améliorés depuis trente ans (le taux global de survie à cinq ans est de 60 %), ils varient de 10 à 20 % pour les patients dont la tumeur est étendue et métastasée, et de 90 à 100 % pour les patients dont la tumeur est prise en charge à un stade précoce (d’après l’American Cancer Society).
Néphrectomie.
Les modalités du traitement sont déterminées par le stade du cancer et l’état général du patient. Pour les tumeurs localisées, la néphrectomie (laparoscopie ou chirurgie ouverte) est le seul traitement efficace. Pour les tumeurs métastasées, la néphrectomie pourra permettre d’améliorer la vie des patients, de réduire la masse tumorale avant de commencer un traitement. Le carcinome à cellules rénales est résistant aux chimiothérapies conventionnelles et, jusqu’en 2005, seuls des traitements biologiques étaient disponibles : interféron alpha et interleukine 2. L’interféron alpha a permis des taux de réponses dans 8 à 15 % des cas, mais le plus souvent les résultats sont peu durables et associés à une toxicité importante. De fortes doses d’interleukine 2 permettent d’obtenir des réponses dans 15 % des cas avec des réponses durables chez un petit nombre de patients, mais au prix d’une toxicité sévère. Au stade IV, le pronostic de ce cancer reste sombre (survie moyenne de dix mois) avec des traitements mal tolérés.
Approche particulièrement prometteuse, l’arrivée des thérapies ciblées constitue une nouvelle étape et un formidable espoir pour les patients atteints de tumeurs métastatiques. On distingue actuellement quatre approches distinctes en termes de thérapie ciblée : les anticorps monoclonaux, les inhibiteurs de kinases, la thérapie génique et la thérapie antisens.
Petites molécules qui ont la capacité de franchir la membrane cellulaire pour aller inhiber des sites intracellulaires, les inhibiteurs de kinases ciblent les seules cellules cancéreuses et parviennent à stopper la prolifération et la malignité des cellules tumorales en inhibant l’activité d’enzymes qui stimulent les cancers, comme les protéines kinases et les lipides kinases. Depuis plusieurs années, les équipes de recherche de Bayer Oncologie se sont concentrées sur les inhibiteurs de kinases et ont mis au point la sorafénib (Nexavar), produit codéveloppé par Bayer et Onyx.
Voie orale, à domicile.
L’administration de Nexavar, par voie orale et au domicile des patients, apporte une amélioration pour le patient au quotidien comparativement aux thérapies classiques. Nexavar est aujourd’hui prescrit à des patients souffrant d’un cancer avancé ayant préalablement connu l’échec d’immunothérapies à base d’interféron alpha ou d’interleukine 2, ou à des patients pour lesquels ces traitements sont considérés comme inadaptés. Du fait de sa double action antiproliférative et antiangiogénique, Nexavar bloque le développement des vaisseaux qui nourrissent la tumeur primitive et ses métastases. Cette molécule a obtenu l’autorisation de mise sur le marché (AMM) en juillet dernier sur la base des résultats d’une large étude internationale de phase III ayant inclus plus de 900 patients atteints d’un cancer du rein avancé (étude TARGETs). Ces résultats d’efficacité ont démontré que Nexavar double la survie sans progression (5,5 mois) par rapport aux patients sous placebo (2,8 mois) (p < 0,000001), quel que soit le profil de patients, stoppe la progression de la maladie pour plus de 8 patients sur 10 et prolonge la survie des patients sous Nexavar (19,3 mois) versus 15,9 mois (p = 0,015) pour les patients ayant reçu préalablement du placebo et ayant bénéficié par la suite de Nexavar.
Par ailleurs, l’impact du traitement est positif sur les symptômes individuels et les patients traités par Nexavar ont déclaré moins de toux, moins de fièvre, moins de crainte que leur état de santé ne se détériore, moins d’essoufflement et plus d’aptitude à profiter de la vie. Enfin, les effets secondaires (de grade 1 ou 2) sont modérés comparés à ceux habituellement observés avec les traitements anticancéreux classiques. Au regard de ces résultats, l’Afssaps avait délivré une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) de cohorte pour ce produit dans cette indication dès le mois de mars 2006. Désormais, Nexavar est disponible pour ces patients et une sortie de la réserve hospitalière est attendue très prochainement.
Conférence de presse organisée par Bayer HealthCare, à laquelle participaient : B. Escudier, A. Méjean, W. de Prins et P. Marcé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature