Les individus s'infectent par le Taenia solium adulte, en mangeant de la viande de porc insuffisamment cuite, contaminée par des larves du parasite. Ces larves se transforment dans l'intestin en ver adulte, lequel émet dans les selles de l'hôte des milliers d'ufs. Les ufs se fixent à la paroi intestinale, les larves migrent et s'enkystent dans les tissus, provoquant une cysticercose.
En cas de mauvaise hygiène, ces individus peuvent s'auto-infecter, via les mains, en ingérant les ufs présents dans les selles. D'autres individus peuvent aussi être infectés en consommant des aliments contaminés par ces selles.
La cysticercose est extrêmement fréquente dans les pays en voie de développement, où elle porte une sérieuse atteinte à la santé publique.
La cysticercose peut aussi se localiser au cerveau. Les kystes se développent alors le plus souvent dans l'espace sous-arachnoïdien. Dans une minorité de cas, la neurocysticercose est caractérisée par des kystes géants, avec la présence d'au moins un kyste de plus de 5 cm de diamètre.
Lorsque cette forme à kystes géants s'accompagne d'une hypertension intracrânienne, le retrait chirurgical des kystes, le plus tôt possible, était considéré jusqu'ici comme le traitement de choix. L'expérience, très limitée, montrait en effet que de tels patients couraient un risque élevé de décès ou de séquelles s'ils étaient traités médicalement.
Entre 1 à 3 kystes géants
Une équipe mexicaine, dirigée par le Dr Proano (Mexico), décrit une expérience positive de traitement médical chez 33 patients atteints d'une neurocysticercose avec kystes géants et hypertension intracrânienne. A l'admission, les patients présentaient, pour la plupart, une céphalée, avec nausées et vomissements, ainsi que des signes neurologiques. Ils présentaient au scanner et à l'IRM, entre 1 à 3 kystes géants. Cinq patients avaient déjà subi une intervention neurochirurgicale pour kystes géants. Les patients ont été suivis pendant cinq ans, avec scanner et IRM à intervalles réguliers. Afin d'améliorer l'hypertension intracrânienne, tous les patients ont reçu des corticoïdes (dexaméthasone IV, 8 mg toutes les 8 heures). Quinze patients présentant une hydrocéphalie ont de surcroît été traités par dérivation ventriculopéritonéale. Tous ont reçu une cure de quatre semaines d'albendazole (15 mg/kg/j). Dix patients, répondant mal à l'albendazole, ont aussi été traités pas praziquantel (100 mg/kg/j, deux fois la dose habituelle) pendant quatre semaines. Devant une réponse incomplète, 17 patients ont reçu une seconde cure d'albendazole, 3 patients une troisième cure et un patient une quatrième cure d'abendazole.
La plupart des patients ont présenté une amélioration des symptômes au cours de la première cure. Après 5 ans de suivi, tous les patients se sont améliorés et les kystes ont disparu (complètement chez 19 patients) ou se sont calcifiés. Sur 22 patients épileptiques, la moitié seulement a continué de recevoir des anticomitiaux. L'indice de qualité de vie sur l'échelle de Karnofsky est passé de 40 à 100.
Ainsi, selon les auteurs, si les patients atteints de neurocysticercose avec kystes géants répondent bien à la corticothérapie ou à la dérivation, le traitement antihelminthique devrait être donné. « Le retrait chirurgical des kystes ne devrait être envisagé que chez ceux qui ont une hypertension intracrânienne menaçant l'existence malgré la corticothérapie. »
« New England Journal of Medicine », 20 septembre 2001, p. 879.
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