LA PREMIÈRE enquête Entred (2001-2003) avait enregistré la participation, parmi les 10 000 personnes contactées, de 3 646 diabétiques et de 1 718 médecins. Ses résultats ont contribué à la mise en place du programme de surveillance du diabète en France et ont permis de guider les interventions concernant la prise en charge du diabète : dépistage de la rétinopathie et du risque podologique (plan national Diabète), mise à jour des recommandations de prise en charge thérapeutique. L'étude avait mis en évidence un contrôle glycémique non optimal chez les diabétiques, des complications fréquentes, une prise en charge médicale peu satisfaisante, mais qui s'était améliorée en 2003.
Une maladie en expansion.
En dépit des actions menées depuis 2001, l'évolution des données épidémiologiques inquiète les autorités. D'après l'Organisation mondiale de la santé, le nombre de diabétiques passerait de 150 millions en 1995 à 300 millions en 2025.
Au niveau mondial, l'expansion du diabète est qualifiée d' «épidémique». La France, elle, se situe dans la moyenne inférieure des pays européens et bien en deçà des estimations nord-américaines.
Toutefois, le diabète concerne déjà plus de 2,3 millions de Français : 3,8 % de la population de France métropolitaine. Selon les projections, le nombre de diabétiques pourrait augmenter de 44 % entre 1999 et 2016. Une augmentation due pour 14 % à la croissance de la population, pour 48 % à son vieillissement et pour 38 % à l'ampleur de l'obésité. La situation est d'autant plus préoccupante que les estimations déprécient la réalité : les données de l'assurance-maladie ne concernent que les personnes traitées par comprimés et/ou insuline et ne tiennent compte ni des personnes non traitées pharmacologiquement (régime diététique uniquement) ni des diabétiques non diagnostiqués.
En outre, l'évolution épidémiologique rapide s'accompagne d'une élévation importante des coûts, de 0,9 à 1,8 milliard d'euros entre 2000 et 2005. Compte tenu du contexte actuel, une modification des critères d'accès à l'ALD diabète pourrait être envisagée.
Ces raisons figurent parmi celles qui ont poussé les autorités sanitaires (Institut de veille sanitaire, Caisse nationale d'assurance-maladie, Régime social des indépendants, Haute Autorité de santé et Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) à dresser un nouvel état des lieux sur le diabète en France : santé et qualité de vie des diabétiques, qualité de la prise en charge et évaluation des coûts.
Contactés par un médecin-conseil.
Un nouvel échantillon d'environ 9 000 diabétiques traités, âgés de 18 ans ou plus, a été sélectionné par tirage au sort. La nouvelle enquête (2007-2010) a officiellement été lancée au début de la semaine. Les patients vont être contactés par un médecin-conseil de leur caisse d'assurance-maladie entre octobre et novembre 2007. Après un entretien téléphonique, ils recevront par La Poste un questionnaire très détaillé portant sur le diabète, les complications possibles, les soins qu'ils ont reçus, les frais médicaux qui restent à leur charge, les difficultés liées au diabète, l'information et la démarche éducative dont ils ont bénéficié. Les médecins qui les suivent vont également être interrogés (contact téléphonique et envoi de questionnaires) entre novembre 2007 et avril 2008.
«Il est essentiel que le plus grand nombre de personnes sollicitées participent», insistent les autorités. Le taux de participation assez faible (36 %) avait constitué une des limites de l'enquête précédente. Cette fois, l'objectif est d'atteindre 60 % de taux de réponses, soit quelque 5 400 participants.
Les DOM et les ados aussi.
Contrairement à Entred 2001-2003, cette deuxième enquête comprend un volet intitulé « Entred-DOM ». La fréquence du diabète est, en effet, deux fois plus élevée outre-mer qu'en métropole. Environ 400 adultes traités domiciliés à l'île de la Réunion, 200 en Guadeloupe, 200 en Martinique et 40 en Guyane ont été sélectionnés. L'enquête 2007 intègre également un volet enfant spécifique, intitulé « Entred Ado ». En France, le diabète touche 15 000 enfants, dont on connaît peu les caractéristiques. L'enquête complémentaire sera réalisée auprès d'adolescents diabétiques âgés de 12 à 18 ans domiciliés en France métropolitaine.
Une lettre d'information et une demande d'accord vont être envoyées à 500 d'entre eux et à leurs parents.
Des informations complémentaires sur le lancement d'Entred 2007-2010 sont accessibles sur le site : www.invs.sante.fr/entred.
Les chiffres de l'épidémie
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 180 millions personnes sont atteintes de diabète à travers le monde et qu'il y en aura plus du double en 2030.
En 2005, 1,1 million de personnes sont mortes du diabète dont 80 % dans les pays à revenu faible ou moyen.
En Europe, la Fédération internationale du diabète évalue à 53,2 millions le nombre de personnes atteintes de diabète : les taux vont de 2 % en Islande à 11,8 % en Allemagne. Avec 3,8 %, la France se situe dans la moyenne inférieure. L'Amérique du Nord enregistre une prévalence à 8,4 %.
En nombre de personnes atteintes, l'Inde (40,9 millions) arrive en tête des pays les plus touchés devant la Chine (39,8 millions).
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