On se rappelle que, en 1993, une centaine de femmes belges se sont retrouvées en insuffisance rénale (fibrose interstitielle avec atrophie tubulaire) après avoir pris, pour maigrir, une préparation d'herbes chinoises comprenant par erreur Aristolochia fang chi (acide aristolochique). Six ans plus tard, deux femmes britanniques se retrouvaient dans la même situation pour avoir pris la même herbe afin de traiter un eczéma. Des observations étaient également rapportées en France, en Espagne, au Japon et à Taïwan.
En juin 2000, l'équipe belge qui avait rapporté les premiers cas, montrait qu' Aristolochia fang chi est associée près d'une fois sur deux à un cancer urothélial chez les patients en insuffisance rénale.
C'est maintenant au tour de l'équipe britannique de rapporter un cas de cancer urothélial dans une lettre au « Lancet ».
Cette femme a 49 ans quand, après avoir pris une préparation d'herbes chinoises contenant l'acide aristolochique pendant deux ans pour un eczéma, elle développe une insuffisance rénale nécessitant le passage en dialyse. Elle ne fume pas et ne prend pas d'autres médicaments. Trois ans après le début de la dialyse, elle est greffée avec un rein de cadavre ; le greffon fonctionne bien. Elle reçoit un traitement antirejet standard (corticoïdes, ciclosporine, azathioprine). Une cytologie urinaire pratiquée tous les trois mois ne montre pas de cellules malignes.
Trois ans après la transplantation, on fait une échographie rénale de routine. On découvre alors une hydronéphrose du rein natif gauche. Etant donné le potentiel cancérogène de l'acide aristolochique et les cas de cancers urothéliaux décrits en Belgique, on fait une néphro-urétérectomie gauche ; l'analyse montre un carcinome à cellules transitionnelles in situ de l'uretère gauche et le bassinet contient des zones extensives de métaplasie squameuse. On fait donc une néphro-urétérectomie droite et l'on découvre un carcinome invasif à cellules transitionnelles. La cystoscopie rigide avec multiples biopsies ne montre pas d'atteinte vésicale.
Enfin, des lésions de l'ADN caractéristiques de l'acide aristolochique sont identifiées dans les tissus prélevés.
Les Britanniques sont d'accord avec les Belges : il faudrait enlever le rein et les uretères de toutes les personnes atteintes de néphropathie aux herbes chinoises et surveiller attentivement l'épithélium vésical.
Graham Lord et coll. (Londres), avec H. Schmeiser (Heidelberg, Allemagne). « Lancet » du 3 novembre 2001.
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