Le nombre d’infanticides survenant le jour de la naissance, "est très largement sous-estimé" dans les statistiques officielles, selon des chercheurs de l'Inserm. Peu de données étaient jusqu'ici disponibles pour évaluer l'ampleur de ce problème, mis en avant épisodiquement par des cas hors normes, tels que la découverte de 8 corps de nouveau-nés en juillet dernier dans le Nord. A l’issue du recueil de données judiciaires correspondant aux décès de nouveau-nés survenus sur une période de 5 ans (1996-2000) dans 26 tribunaux de trois régions françaises (Bretagne, Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais), Anne Tursz et Jon Cook (unité Inserm CERMES 3) ont rapporté 2,1 néonaticides sur 100.000 naissances, soit 5,4 fois plus que dans les statistiques officielles de mortalité (0,39 pour 100.000 naissances).
Le nombre de néonaticides "est très largement sous-estimé", a confié la pédiatre Anne Tursz aux journalistes de l’Agence France Presse, estimant que même les données judiciaires "ne recouvrent pas la réalité complète du problème". "Ce doit être de l'ordre d'une centaine par an. Ce qui est considérable", estime-t-elle. Des corps ne sont en effet jamais retrouvés.
A partir de l’étude de 27 cas (dont 9 où la mère n'a pas été identifiée), les chercheurs sont dresse un profil social et psychologique des mères auteurs de néonaticides. Selon le Dr Tursz, "ce sont des carencées affectives, des femmes d'une solitude morale effroyable, mais pas des malades mentales, des femmes qui sont plutôt dans une situation d'échec, de ratage, très dépendantes. On dirait qu'elles sont incapables de prendre une décision seule, sauf cette terrible décision là, parce que le mari a souvent laissé entendre qu'il ne voulait plus d'autres enfants et elles ont une peur panique d'être abandonnées. L'âge moyen des mères était de 26 ans, un tiers d'entre elles avait au moins trois enfants et plus de la moitié vivait avec le père de l'enfant. Les deux-tiers avaient une activité professionnelle. Elles n'utilisaient pas la contraception et la plupart ont mis l'enfant au monde en secret, seule.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature