LES MEDECINS experts en médecine foetale des hôpitaux de l'AP-HP Necker et Saint-Antoine ont décidé de ne plus signer de protocole d'interruption médicale de grossesse, tant que le ministre de la Justice gardera le silence sur le rappel à la loi dont trois de leurs confrères ont été l'objet de la part du pôle santé du tribunal de grande instance de la capitale, après une plainte pour infanticide.
Le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) estime, pour sa part, dans un communiqué, « insupportable que trois experts référents en médecine fœtale soient "fichés" et menacés de sanctions pénales s'ils prenaient de nouveau la décision de proposer et de pratiquer une IMG dans un cas semblable ». La justice avait jugé que les trois praticiens n'auraient pas dû pratiquer un avortement thérapeutique sur une patiente dont la malformation du foetus, imputable à une hernie diaphragmatique congénitale, ne répondait pas « au critère d'incurabilité », indispensable à satisfaire pour une telle intervention.
Affaire de Necker : précision
Dans « le Quotidien » d'hier, un problème technique a fait disparaître la fin de l'article consacré à cette affaire, qui était signé Philippe Roy. Nous la publions ci-dessous :
« Je suis anxieux, dit au "Quotidien" le Pr Paul Nisand (Strasbourg). Le navire amiral de la médecine foetale, mandaté par la loi et la société française comme tout Cpdp, est touché. La société a désigné les médecins de la médecine fœtale comme ses bourreaux. Or on ne condamne pas ses bourreaux. On leur demande de faire un boulot que personne ne veut ni ne peut exécuter. Alors, respect ! Puisque la justice se veut experte, parlant "d'attestation illégitime, fausse", qu'elle énonce les malformations donnant lieu à une IMG et les autres qui s'en écartent. »
Après l'affaire Perruche sur le préjudice d'être né handicapé (2001), qui a provoqué une baisse de 30 % du nombre des échographistes - ils ne seraient plus qu'un « petit millier », selon le Pr Nisand -, combien de gynécologues-obstétriciens vont accepter de pratiquer encore le diagnostic prénatal sur les 2 500 hospitaliers du secteur public et les 1 500 libéraux ?
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