Parmi les patients asthmatiques sévères, pris en charge à 100 %, 68 % ont des symptômes incontrôlés, c'est-à-dire au moins une crise par jour et au moins deux réveils nocturnes par mois. C'est ce que révèle une étude de l'URCAM en région PACA qui s'achève en ce moment sur un échantillon de 267 patients. Parmi eux, 40 % ont eu recours aux urgences et 49 % ressentent une gêne dans leur vie quotidienne.
Pourtant, depuis dix ans, la prise en charge de cette pathologie chronique évolutive a nettement progressé. « La pensée médicale a changé, note le Dr Marc Sapène, du centre de pneumologie et d'allergologie de Bordeaux. L'exigence n'est plus seulement de traiter l'asthme, c'est-à-dire l'amélioration de la fonction respiratoire, mais le patient asthmatique. » L'apparition d'associations, comme Asthme & Allergies, regroupant des patients et des soignants, a permis de faire évoluer les mentalités. « Les recommandations internationales tiennent compte à présent de la vie du patient dans son ensemble : fonction respiratoire, fréquence des crises, gêne dans les activités physiques... », poursuit le Dr Sapène.
La prise en charge des crises a également été améliorée. L'étude nationale ASUR (Asthme aigu de l'adulte aux urgences), réalisée d'avril 1997 à avril 1998, a permis de mieux connaître le profil des patients. Elle a montré en particulier que 30 % de ces patients venus aux urgences n'avaient aucun suivi médical, que seulement 47 % étaient traités par des corticoïdes inhalés et que seulement 16 % possédaient un débitmètre de pointe à la maison. Or, selon les données préliminaires de l'étude ASUR 2, qui a commencé en avril 2002, le taux d'hospitalisation a été réduit à 32 %, alors qu'il était de 54 % en 1998.
Reconnaître l'acte éducatif
Il reste qu'un asthmatique sur deux est inobservant, parfois à cause d'un déni de la pathologie, mais surtout par manque d'éducation thérapeutique. « Après la sédation d'une crise, la tentation d'arrêter le traitement et de ne consulter qu'au prochain épisode est forte », analyse le Pr Daniel Vervloet, chef du service de pneumo-allergologie de l'hôpital Sainte-Marguerite à Marseille. « Les médecins doivent eux aussi être éduqués », ajoute-t-il. L'ANAES recommande d'ailleurs qu' « un plan de traitement précisant au patient la conduite à tenir en cas de détérioration de son état respiratoire lui soit proposé et remis par écrit ». Afin d'améliorer cette éducation thérapeutique, le Pr Vervloet souhaite que l'on reconnaisse l'acte éducatif en l'incluant dans les dépenses remboursables, une réorganisation et la restructuration des systèmes de soins, un accroissement et une mise en place des centres d'éducation de l'asthme (les « écoles de l'asthme »). En termes d'éducation, les actions de l'association Asthme & Allergies démontrent l'utilité de la collaboration entre soignants et soignés, pour maîtriser la survenue de la crise d'asthme.
Une brochure pour l'observance
L'association Asthme & Allergie a pour mission d'informer, de former et éduquer pour une meilleure prise en charge et une meilleure observance dans l'asthme. En relation avec la Journée de l'asthme, elle vient d'éditer une brochure intitulée « Comment éviter la survenue d'une crise d'asthme sévère » qui sera mise à la disposition du public dans les pharmacies à partir du 6 mai.
L'association coordonne les actions qui se dérouleront un peu partout en France grâce aux écoles de l'asthme, qui auront portes ouvertes, et aux associations de patients : mesures du souffle, témoignages d'asthmatiques, manifestations sportives, jeux pour les enfants, tables rondes...
Association Asthme et Allergie, 3, rue Hamelin, 75116 Paris,
Numéro Vert 0.800.19.20.21, www.asmanet.com.
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