IL ARRIVE fréquemment que les cancérologues réduisent les doses de chimiothérapie chez les patientes obèses. L'idée est d'éviter un risque de surdosage, car certaines études des relations entre l'obésité et le cancer du sein ont montré que le pronostic était aggravé en présence d'un IMC (indice de masse corporelle) élevé. Aussi, pour le calcul des doses en fonction de la surface corporelle, certains prescripteurs se fondent sur le poids idéal postulant que l'on peut de cette manière éviter la survenue d'une certaine toxicité.
Pour préciser les choses, des investigateurs de l'International Breast Cancer Study Group (Ibcsg) se sont lancés dans l'étude de l'évaluation de la réponse en fonction de la dose, prenant en compte, d'une part, l'IMC et, d'autre part, l'expression de récepteurs estrogéniques (RE). L'étude a été menée chez 2 140 femmes préménopausées souffrant d'un cancer du sein N+, et traitées par la combinaison CMF (cyclophosphamide, méthotrexate et 5-fluoro-uracile). « Les patientes obèses ont été plus souvent traitées par des doses réduites de chimiothérapie, inférieures à 85 % de la posologie indiquée au cours du premier cycle de chimiothérapie comparativement aux femmes ayant un IMC intermédiaire ou normal (39 % versus 16 %, p < 0,0001) », indiquent les chercheurs.
Dans la cohorte RE-, pour les patientes en surpoids comme pour les autres, la réduction des doses de chimiothérapie est associée à un pronostic péjoratif pour l'intervalle sans récidive et la survie totale. Ce qui n'est pas le cas chez les femmes RE+. « Ces résultats indiquent que, chez les femmes ayant des RE absents ou en faibles quantités, une réduction des doses de chimiothérapie doit être évitée. »
Pourquoi existe-t-il une interaction entre l'effet des anticancéreux et le statut des récepteurs hormonaux, s'interroge un éditorialiste ?
L'insulinorésistance pourrait fournir une explication.
« Les résultats de cette étude nous indiquent de nous tourner vers des mécanismes indépendants des estrogènes, comme l'insulinorésistance, ce qui peut fournir une explication », estime-t-il. De fait, « les adipocytokines, comme la leptine ou l'adiponectine, sont produites par le tissu adipeux et ont un effet notoire de modification de l'insulinorésistance. Et elles ont été associées aux métastases et à l'angiogenèse », indique éditorialiste.
Marco Colleoni et coll. « The Lancet », 24 août 2005.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature