L A fréquence du diabète, de l'hypercholestérolémie et de l'HTA augmente avec l'âge. Pendant longtemps, la tendance a été de ne plus traiter ces facteurs de risque cardio-vasculaire passé un certain âge. Des données récentes mettent en défaut cette position attentiste.
Concernant l'HTA, différentes études menées spécifiquement chez des sujets âgés montrent aujourd'hui clairement la nécessité de traiter non seulement l'hypertension systolo-diastolique mais aussi l'hypertension systolique isolée dans la population âgée. Le bénéfice sur les accidents vasculaires cérébraux est indiscutable.
Concernant le diabète, il doit être tenu compte de deux facteurs : le délai entre le début de la maladie et l'apparition des complications et, surtout, le risque d'hypoglycémie, incident très lourd de conséquences chez le sujet âgé (chutes, troubles de la conscience). Cela conduit à une attitude nuancée sur les objectifs glycémiques à atteindre après 70 ans, mais n'exclut pas l'utilité d'une prise en charge.
Qu'en est-il de l'hypercholestérolémie ? Non seulement manquent des études menées spécifiquement chez les personnes âgées, pour juger de l'intérêt d'une baisse du cholestérol au plan cardio-vasculaire, mais des facteurs de confusion interviennent également. En effet, on observe plusieurs années avant l'apparition clinique d'un cancer ou de certaines maladies chroniques une baisse de la cholestérolémie. De même, une dénutrition ou une anorexie, fréquentes chez les personnes âgées, sont susceptibles de diminuer le taux de cholestérol plasmatique.
Une analyse plus fine des données
Cela a conduit à supposer que la baisse du cholestérol était délétère dans la population âgée. Or une analyse plus fine des données épidémiologiques montre que l'hypercholestérolémie reste un facteur de risque cardio-vasculaire quel que soit l'âge, même si sa responsabilité diminue du fait de l'augmentation de celle propre au vieillissement.Il importe d'examiner les résultats des études d'intervention (en prévention primaire et secondaire), en tentant d'isoler les données chez les plus de 65 ans. Bien que ces essais incluent peu de sujets âgés, on observe un bénéfice identique dans toutes les tranches d'âge. Mais si l'on regarde le nombre de patients à traiter pour éviter un accident, le bénéfice est plus important dans les tranches d'âge les plus élevées, puisque, précisément, le risque d'événement cardio-vasculaire augmente avec le vieillissement. Il semble donc, malgré la manque d'études spécifiques, que la « rentabilité » du traitement de l'hypercholestérolémie soit plus importante chez les plus de 65 ans.
La protection des fonctions cognitives
En dehors du bénéfice coronarien, rappelons que la réduction des AVC s'accompagne d'une diminution des démences, qu'elles soient ou non vasculaires. Or la correction de l'hypercholestérolémie diminue de 30 % la fréquence des AVC. Par ailleurs, différents travaux en cours ont pour objectif d'évaluer l'impact du traitement hypocholestérolémiant sur les fonctions cognitives chez le sujet âgé. RESPECT est un essai européen de prévention primaire mené avec la cérivastatine chez les plus de 70 ans, PROSPER est une étude de prévention primaire et secondaire avec la pravastatine chez les plus de 65 ans.
En attendant de disposer de données plus complètes et plus précises, il paraît raisonnable de prendre en compte les hypercholestérolémies chez les sujets âgés, en faisant preuve d'une bonne rigueur chez les patients ayant déjà présenté un accident cardio-vasculaire, et en étant plus souple sur les objectifs à atteindre en prévention primaire.
Comme dans les autres tranches de la population, la prise en charge de l'hypercholestérolémie repose sur des recommandations diététiques, auxquelles on adjoint une prescription pharmacologique en cas d'échec de ces premières mesures.
Réunion de presse organisée par Fruit d'Or Recherche avec la participation du Pr Eric Bruckert (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris).
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