Comment définir la vieillesse?
Les études américaines définissent les seniors dès l'âge de 50 ans. À partir de 75 ans, les individus sont considérés comme des vétérans. C'est à 75 ans qu'il existe un réel vieillissement. Chacun d'entre nous est inégal face à ce phénomène physiologique : certaines personnes présentant des pathologies chroniques seront beaucoup plus fragilisées que des personnes en bonne santé.
Le vieillissement doit tenir compte également d'autres facteurs : on sait que la ménopause engendre une prise de poids de 3 à 4 kg. D'un point de vue socio-économique, dans une période où un senior sur trois seulement travaille, l'arrêt du travail va provoquer un ralentissement non seulement de l'activité cérébrale, mais aussi de l'activité physique. Si les femmes gardent plus facilement une activité physique (vive le ménage et les courses !), les hommes ont tendance à moins bouger et, donc, à prendre du poids, souvent mal réparti (obésité abdominale).
L'indice de masse corporelle (IMC)
C'est le rapport entre la taille et le poids qui doit servir de référence pour obtenir une norme chez l'adulte jeune entre 18,5 et 25. Au-delà de 25, on parle de surpoids. L'obésité se définit à partir d'un IMC de 30. Qu'en est-il dans le cadre du vieillissement ? L'IMC favorable est plus élevé que chez l'adulte jeune, et le fait de vouloir ressembler aux silhouettes longilignes peut devenir un risque de restriction inadéquate. Le poids est au centre des préoccupations pour vieillir mieux. Si maigrir est à la mode chez l'adulte jeune, la perte de poids chez les seniors est un signe de dénutrition potentielle. À l'inverse, pour une personne âgée, un IMC élevé ne signifie pas forcément une surcharge pondérale : on peut avoir un ventre proéminent sans pour autant être gros. Il est donc nécessaire chez les personnes âgées de ne plus se fier à l'IMC pour connaître leur état de santé. Il faut donc peser ces personnes et suivre l'évolution de leur poids en plus ou en moins.
Perte d'appétit et nutrition
Deux problématiques se posent dans la nutrition de la personne âgée. Premièrement, la perte de l'appétit. Il a été démontré par l'étude de Susan Roberts en 1994 que, à la suite d'un régime hypocalorique chez l'adulte jeune, celui-ci perd du poids, mais récupère son appétit, voire au-delà. Ce n'est pas le cas de la personne âgée : celle-ci ne recouvre pas son appétit, donc, ne retrouve pas son poids initial. Manger à des intervalles réguliers est primordial dans la mesure où le temps de digestion va permettre de recouvrer l'appétit et de ne pas faire sécréter d'insuline de manière permanente. La deuxième problématique concerne le type d'apports nutritionnels nécessaires : à l'automne de la vie, on ne récupère plus ses muscles et ses os. Il est donc essentiel d'avoir une alimentation basée, entre autres, sur des protéines. Il faut savoir que si la viande et le poisson sont aujourd'hui des produits chers, ils peuvent être remplacés par deux oeufs ou des laitages. En outre, dans une société de surconsommation où il n'existe plus de saisonnalité des produits, un juste équilibre en termes d'apports nutritionnels doit être mis en place : en hiver, les besoins énergétiques sont plus importants qu'en été si l'on sort et lutte contre le froid. S'il est essentiel de consommer toute l'année des fruits et légumes, les féculents sont indispensables. Alors que l'eau de constitution des légumes d'été et leurs vitamines aident à mieux vivre l'été.
Perte de poids, surpoids
La perte de poids est également un signal d'alarme : les études montrent que la perte de poids peut apparaître avant la maladie d'Alzheimer. Il y a quelques années, dans l'étude menée par E. Barret-Connor, sur l'histoire naturelle de l'hypertension, il a été découvert que, dans 40 % des cas, la perte de poids, sans cause détectable, précède la survenue des symptômes cognitifs de la maladie d'Alzheimer. Maintenir une nutrition correcte peut aussi aider à stabiliser le déclin des symptômes cognitifs.
Inversement, un surpoids est souvent en cause dans le syndrome métabolique qui comporte un risque de diabète de type 2 et est à l'origine de pathologies cardio-vasculaires. Le risque majeur est d'être obèse et sarcopénique, la graisse ayant remplacé les muscles. La perte musculaire favorisant en sus les chutes, donc les fractures.
D'après un entretien avec le Dr Monique Ferry, gériatre et nutritionniste, expert AFSSA, directeur du centre départemental de prévention pour réussir son vieillissement à Valence et INSERM - université Paris-XIII.
Mesurer, notamment les femmes
L'IMC inclut le poids, mais également la taille. Se mesurer ne fait pas partie des règles hygiéno-diététiques. Chez la personne âgée, la mesure de la taille est plus difficile et devrait être régulière, plus spécifiquement chez la femme : perdre 7 cm en trois ans peut être le signe d'un tassement vertébral dû à une ostéoporose. Dans ce cas également, l'IMC est une donnée fausse : si le poids est normal, mais la taille réduite, l'IMC sera élevé, mais ne sera pas le reflet d'une obésité.
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