« LA VOIE LACTEE » est le nom de baptême ambitieux et poétique de l'exposition qui commencera demain aux alentours d'Arras. Préparée avec le Centre interprofessionnel de documentation et d'information laitières (Cidil), elle est destinée à expliquer aux petits et aux grands pourquoi et comment le lait prend une si grande place dans notre vie de mammifères cultivés.
Le site choisi pour l'exposition est celui d'une ancienne usine de lampe de mineurs, qui fait l'objet, depuis quelques années, d'un immense chantier mené par l'architecte Jean Nouvel. Devenue Cité Nature, l'usine sera bientôt, selon son directeur général, Philippe Ledieu (lui-même transfuge de la Cité des sciences, à Paris), « le plus grand centre de culture scientifique de France et le seul centre thématique », à 50 minutes de la capitale. En effet, les milliers de mètres carrés de bâtiments et de jardins vont abriter une muséographie composée de bornes interactives, d'ateliers de manipulation scientifique et d'expositions d'objets autour de la nourriture, la nature et la santé, des préoccupations essentielles pour les Français. « Aujourd'hui, on ne peut plus parler de nourriture et d'agriculture sans aborder les aspects de santé et d'environnement qui y sont associés », explique Philippe Ledieu, qui veut développer la culture scientifique encore embryonnaire dans les musées français et présenter les aliments « du champ à l'assiette » en dédramatisant les « grandes peurs alimentaires ».
Boisson mythique.
« Le lait est l'un des grands aliments de civilisation à côté du pain ou du riz », rappelle Philippe Ledieu. L'exposition s'attache à combiner explications scientifiques et symboliques autour de cet aliment. « En 1984, il y avait 400 000 éleveurs laitiers en France, il y en a 110 000 en 2004 et probablement seulement 70 000 demeureront en 2010 : la transmission naturelle du savoir n'existe plus. Il faut inventer de nouveaux modes de transmission », assure Maggy Bieulac-Scott, responsable du service Information qualité du Cidil. Le parcours propose donc un voyage à travers la civilisation (la géohistoire) du lait, puis remonte vers ses sources (synthèse par la vache, élevage, transformation) avant de décrire les grands produits laitiers et de proposer leur dégustation. Enfin, la santé est abordée sous l'aspect nutritionnel et en termes de prévention. Parallèlement, un volet artistique comprend un reportage photographique sur les exploitations laitières et leurs exploitantes - les femmes étant le plus souvent chargées de la laiterie -, ainsi qu'une exposition de sculpture sur le thème de la vache. Enfin, une « petite voie lactée » propose aux tout-petits des parcours tactiles, de découvertes et de contes. La Cité Nature prévoit également des dégustations, une fête des produits laitiers, la reconstitution d'une exploitation, mais aussi des conférences de nutrition.
Consommation insuffisante.
De fait, les industriels du lait n'avaient pas attendu les recommandations du Programme national nutrition santé (Pnns) pour faire valoir les vertus du lait. Mais les constatations du Credoc et du Pnns ont ajouté, si l'on peut dire, de l'eau à leur moulin : sept enfants sur dix et huit adultes sur dix ne consommeraient pas les trois ou quatre produits laitiers journaliers recommandés par le Pnns. La moitié des adolescentes de 12 à 14 ans auraient des apports en calcium inférieurs aux deux tiers des apports nutritionnels conseillés, de même que les deux tiers des femmes de 55 ans et plus. Or le lait est particulièrement riche en calcium biodisponible, avec un taux d'absorption supérieur à 30 % (de 5 à 13 % pour le calcium végétal, 23 % pour le jus de soja enrichi). « Le calcium laitier couvre environ 70 % des besoins humains en calcium », selon Martine Granier, médecin nutritionniste au Cidil. Le Centre d'information fait appel aux dernières avancées scientifiques pour démontrer les vertus du lait : contribution à la prévention de l'HTA (rôle régulateur du calcium associé à du magnésium et à du potassium), régulation du poids (action du calcium sur le déstockage des graisses et rôle dans la stabilisation du poids après un régime), rôle protecteur vis-à-vis du diabète (baisse de l'insulinorésistance), diminution des calculs rénaux (par diminution de l'élimination de substances comme l'acide oxalique dans les urines), voire prévention du cancer de l'intestin.
Les nutritionnistes de manquent pas de rappeler que pour l'ensemble des mammifères, humains compris, le lait de la mère demeure le meilleur nutriment pour son petit.
Pour en savoir plus : www.cidil.
D'un mammifère à l'autre
Après le vêlage, une vache produit environ 20 litres de lait par jour, soit 6 000 kg environ sur dix mois, avant d'être mise au repos en attendant un nouveau vêlage.
Les Français consomment en moyenne 72 kg de lait-boisson (demi-écrémé dans 80 % des cas) par personne et par an et 24 kg de fromage.
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