Si l'Irlande confirme en 2000 sa récente tendance à faire moins d'enfants, comme en témoigne son indice de fécondité de 1,88 en 1999 au lieu 1,93 en 1998, l'Hexagone occupera le premier rang des Quinze pour la natalité, avec un taux de 1,89 l'année dernière contre 1,79 et 176 au cours des vingt-quatre mois précédents. Et ce, relève France Prioux, auteure d'une enquête sur « l'évolution démographique récente de la France » pour l'Institut national d'études démographiques (INED), malgré les divorces à la française, la multiplicité des naissances hors mariage et l'âge tardif de la mère au premier enfant.
En effet, malgré 116 000 divorces par an (chiffre inchangé depuis 1996), les Françaises ne perdent pas le goût de donner la vie, même après une rupture conjugale, contrairement aux populations européennes voisines. Il est vrai que la France affiche un taux très élevé (40 %) de naissances hors mariage, tandis qu'en Espagne il n'y en a que 14 %, en Italie 10 % et en Grèce 4 %. L'âge de la première gestation, qui est passé de 24 à 28 ans de 1973 à 1998, ne change rien à la donne.
Vers un renouvellement
des générations
On a recensé l'an dernier 779 000 nouveau-nés, soit 55 000 de plus qu'en 1999. Quatre mères sur cinq ont un deuxième enfant et, bien que les grossesses soient plus espacées, de quatre à cinq ans, le passage du deuxième au troisième enfant demeure stable. En même temps, il y a un boom dans le nombre de mariages qui franchit la barre des 300 000, une première depuis 1984 (+ 20 000 par rapport à 1999). A cela s'ajoutent un « environnement favorable au travail des femmes mères de famille », une politique fiscale sans doute jugée attrayante pour les familles, grâce à l'aide parentale d'éducation et l'allocation pour la garde d'enfant à domicile, sans oublier un contexte économique 1995-2000 « porteur ». C'est dire que les prévisions démographiques catastrophistes des natalistes qui, remontant à 1993-1994, quand l'indice de fécondité avait chuté à 1,66, n'étaient pas fondées. Selon l'INED, si les conditions postérieures au creux de 1993-1994 se maintiennent, 16 % des Françaises n'auront pas d'enfant, 18 % un seul, 37 % deux, 21 % trois et 8 % quatre et plus. Ainsi, la descendance des Français nés à la fin des années soixante se stabilisera légèrement au-dessus de 2 enfants par femme, ce qui correspond au seuil de renouvellement des générations.
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