Arts
POURQUOI une exposition d'autoportraits au musée du Luxembourg ? L'idée était de rendre hommage à Marie de Médicis, la première occupante du palais du Luxembourg, en prolongeant et en actualisant la célèbre collection d'autoportraits initiée par Leopoldo de Medici (1617-1675) et réunie à Florence. Aux représentations de soi de Van Dyck, Raphaël et Rembrandt, se substituent et répondent donc aujourd'hui les portraits d'artistes tels Baselitz, Max Ernst ou Vuillard.
Le parcours, hétéroclite et insolite, explore les mutations de l'autoportrait du début du XXe siècle à nos jours et rend compte de la diversité des modes d'autoreprésentation. Marc Fumaroli l'a écrit : « L'autoportrait est indubitablement le genre le plus troublant de l'art européen. » C'est bien le trouble qui envahit le spectateur devant ces effigies et autres évocations de l'ego. Exercice de psychanalyse pour les uns, l'autoportrait est porteur d'humour ou vecteur d'angoisse pour les autres.
Ici, l'artiste l'envisage comme un jeu ; là, il s'en sert comme d'un manifeste. Malevitch et Van Dongen y voient l'occasion de se travestir, Mica Popovic de se dissimuler derrière un masque, Jean Dubuffet s'affuble d'un chapeau melon, Derain se représente la pipe au bec et Suzanne Valadon les seins nus. Henry Moore réduit l'autoportrait à ses seules mains, pendant que Léon Spilliaert, terrifiant, scrute le miroir d'un œil déjà mort et que Norman Rockwell multiplie par trois son effigie.
Ce sont encore des expressions familières, quelques métamorphoses d'artistes et une intimité parfois dérangeante qui composent ce voyage au pays du moi. Avec des raretés comme ce précieux dernier autoportrait de Degas.
A contempler ces images des peintre vus par eux-mêmes, le visiteur en apprendra beaucoup sur soi-même.
« MOI ! Autoportraits du XXe siècle », musée du Luxembourg. 19, rue de Vaugirard, Paris 6e. Tél. 01.42.34.25.95. Jusqu'au 25 juillet. Catalogue de l'exposition, éd. Skira.
Beau livre : « Moi je, par soi-même, l'Autoportrait au XXe siècle », de Pascal Bonafoux (commissaire de l'exposition), éd. Diane de Selliers, 230 euros. Et aussi : Découvertes Gallimard ; n°100 de la revue « Dada », éd. Mango.
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