DE NOTRE CORRESPONDANT
LE CHOIX du vocabulaire n'est pas neutre. Comme cette permanence hebdomadaire s'adresse aux personnes âgées de plus de 65 ans ou à leurs proches, traversant «une étape difficile», selon les termes très sobres de la plaquette, l'équipe préfère parler de permanence de psychogériatrie plutôt que de gérontopsychiatrie. Un mot qui ferait un peu trop peur au grand public, estime le Dr Philippe Jaulin, psychiatre au sein de l'unité. En dehors des murs de l'hôpital gériatrique Bélier, où ce service est basé depuis 2003*, la permanence a justement pour but de toucher une nouvelle population potentiellement concernée par un état dépressif. «La dépression des personnes âgées présente une prévalence importante, comme d'ailleurs la maladie d'Alzheimer, explique le Dr Jaulin. Ce sont d'ailleurs deux priorités de santé publique. Régionalement, l'accent a été mis sur la prévention du suicide. Nous nous situons donc dans cette réflexion. Par cette permanence, nous espérons accueillir des personnes qui se sentent tristes, isolées, qui ont perdu l'appétit ou le sommeil. Bref, des personnes qui peuvent développer une dépression sans le savoir. Beaucoup d'éléments peuvent précipiter quelqu'un dans une dépression, comme le décès d'un proche, parfois la perte d'un animal de compagnie…»
Pour être à l'écoute des personnes qui peuvent se présenter à la permanence une fois par semaine sur un créneau d'une heure et demie et sans rendez-vous, une infirmière, une assistante sociale et une psychologue vont se succéder. «Nous sommes là pour les écouter, elles ou leurs proches, évaluer la situation et éventuellement les accompagner vers une structure de soins, vers un organisme social ou une association comme l'Office des retraités et personnes âgées de Nantes (ORPAN)», précise Ouzna Abid, psychologue. Le travail interdisciplinaire ainsi effectué devrait permettre une réponse adaptée à la situation.
Ne pas confondre avec l'Alzheimer.
Par cette approche, complémentaire de l'activité déjà existante à travers l'hôpital de jour, le centre d'accueil thérapeutique à temps partiel et le suivi à domicile, l'unité de psychogériatrie souhaite également clarifier «une confusion des patients eux-mêmes, des familles, voire des professionnels», selon les mots du Dr Jaulin, entre dépression et maladie d'Alzheimer. «La dépression est parfois difficile à détecter chez le sujet âgé, reconnaît le psychiatre. Celui-ci peut présenter des troubles de mémoire, du sommeil, un état général qui seront attribués à tort à l'âge ou à une maladie d'Alzheimer. Une symptomatologie d'emprunt chez la personne âgée demande à être resituée pour éventuellement caractériser une dépression.»
La psychologue Ouzna Abid note ainsi que, auprès des acteurs non médicaux (CLIC, ORPAN…), «des personnes âgées disent des choses qui montrent des signes de souffrance psychique, mais qui n'ont pas été dites au médecin généraliste».
* Permanence à la Manufacture des tabacs, boulevard de Stalingrad, le mardi de 10 heures à 11 h 30 (hors vacances scolaires). Renseignements auprès de l'unité de psychogériatrie : 02.40.68.66.79.
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