LE PREMIER CENTRE de référence sur le jeu excessif (CRJE), ouvert en début d'année au CHU de Nantes (« le Quotidien » du 25 janvier), a été inauguré hier. Au service d'une approche thérapeutique et d'une prise en charge du jeu pathologique, il a pour mission la formation des intervenants en addictologie (médecins, personnels socio-éducatifs, psychologues, infirmiers, etc.), ainsi que la recherche. Localisé à l'hôpital Saint-Jacques, au sein du pôle universitaire d'addictologie et psychiatrie, dirigé par le Pr Jean-Luc Vénisse, c'est une plate-forme ressource nationale qui participe plus largement à la coordination des différents maillons d'une chaîne « joueurs en difficulté » appelée à se mettre en place sur tout le territoire en articulation avec les centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie.
Le CRJE dispose d'un fonds d'ouvrages et d'articles de revues traitant des jeux de hasard et d'argent, des jeux vidéo, des cyberaddictions, du jeu excessif, mais également des addictions comportementales au sport, au sexe, aux sectes, aux achats compulsifs ou encore à l'alimentation (anorexie-boulimie). Pour la Française des jeux et le PMU, ses deux partenaires financiers, il faut prévenir les excès par une information du joueur, une sensibilisation des réseaux commerciaux et une intégration des évaluations de risques dans l'offre de jeu et, dans le temps, protéger les publics fragiles. C'est «un enjeu important de santé publique. Bien qu'inscrit dans le spectre des troubles addictifs, le jeu pathologique ne bénéficie pas (encore pleinement) de la reconnaissance, des modalités de prévention et de la prise en charge qui existent pour des addictions plus classiques à des substances psychoactives», relève le Pr Vénisse.
Le CRJE devrait aider à corriger cette situation. Il constitue en fait l'un des trois piliers du département pour la recherche et la formation sur les addictions comportementales qu'abritera à terme le CHU de Nantes. Les deux autres piliers, ou centres de référence, concerneront l'un l'alimentation et le sport, l'autre les dépendances sectaires, sexuelles et affectives.
De 600 000 à 1 800 000 personnes auraient une pratique de jeu de hasard et d'argent excessive, voire pathologique.
* Le Pr Jean-Luc Vénisse a participé à l'expertise collective INSERM sur le jeu pathologique (printemps 2008). Il a réalisé également, pour la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, une mission exploratoire sur les addictions sans drogue, dont le jeu pathologique (mai 2007).
Clinique, formation, recherche
Le CRJE se compose de trois psychiatres addictologues, d'une directrice, d'un chercheur en psychologie cognitive, d'une documentaliste et d'un ingénieur d'études cliniques. Il travaille de concert avec le centre Marmottan pour dispenser un savoir-faire aux intervenants en addictologie ; quarante personnes en bénéficieront, à raison de trois journées d'enseignement, au cours de l'année 2008 et cent vingt en 2009. Un module de formation s'adresse par ailleurs aux professionnels des casinos pour leur permettre de dépister les joueurs à risque et les orienter. Au chapitre de la recherche, un conseil scientifique et pédagogique de dix-huit experts internationaux travaille sur l'addiction aux jeux et le développement de la maladie de Parkinson, le poker, les jeux vidéo et les processus cognitifs permettant de comprendre la bascule dans les conduites à risque.
Tél. 02.40.84.76.18, www.crje.fr.
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