De notre correspondant
L'intervention, qui a eu lieu le 22 novembre chez une femme de 40 ans, a duré de 9 heures à 14 heures, sans particularités notables, et les suites opératoires n'ont posé aucun problème. Il n'y a pas eu, en particulier, de douleurs postopératoires.
Actuellement, par rapport à une technique classique, la durée d'intervention est plutôt plus longue, notamment en raison de la mise en place du robot qui est assez complexe. En revanche, la phase postopératoire devrait être raccourcie.
« Par précaution, nous avons gardé la patiente autant de temps que lors d'une intervention classique », souligne le Pr Jean-Pierre Villemot, mais, à l'avenir, il est permis de penser que l'utilisation du robot permettra de diminuer la durée post-opératoire de deux à trois jours au moins.
Console de pilotage : un « joy-stick »
La chirurgie assistée par robot présente de nombreux avantages. L'un des principaux réside dans l'utilisation de micro-pinces (comme dans la chirurgie endoscopique) qui permettent de limiter les voies d'abord aux trocarts de quelques centimètres de diamètre. Si les voies d'abord sont réduites, les traumatismes qui y sont liés le sont d'autant, et la cicatrice quasi inexistante. Le confort pour le chirurgien est incomparable, puisque l'utilisation de la console de « pilotage », semblable à un joy-stick, permet des degrés de liberté des pinces, inconnus avec le poignet et une démultiplication des gestes. La position opératoire est totalement inédite : assis devant sa console, le chirurgien travaille assis, à quelques mètres de distance du patient. L'apport de la vidéo 3D assure une parfaite vision du champ opératoire, notamment celle de la profondeur du champ. Au total, le saut technologique offre la possibilité de réaliser les gestes chirurgicaux les plus complexes de façon précise et sûre.
L'appareil est partagé par trois équipes
Encore rare en Europe, notamment en raison de son coût, la chirurgie assistée par robot commence néanmoins à se développer. En France, les deux exemplaires de Da Vinci sont ceux de l'hôpital européen Georges-Pompidou et de l'hôpital Henri-Mondor. Le CHU de Nancy est le troisième à en posséder un, et le seul CHU à avoir créé une salle d'opération spéciale pour son robot, avec une équipe dédiée. Autre particularité : le robot n'est pas utilisé par une équipe de chirurgiens mono-spécialisés (cardiaques par exemple) mais par trois équipes : chirurgie cardiaque (Pr Jean-Pierre Villemot), chirurgie urologique (Pr Philippe Mangin) et chirurgie digestive (Pr Patrick Boissel). L'utilisation de l'appareil entre à Nancy dans le cadre d'un programme de recherche clinique (PHRC) destiné à évaluer scientifiquement la place de la chirurgie vidéo-assistée par robot : bénéfices-risques et nouvelles indications. Chacune des équipes a pu s'initier longuement aux techniques de cette chirurgie nouvelle dans le laboratoire de chirurgie expérimentale où le robot a été installé durant près d'un an. Cette phase préalable a permis aux chirurgiens un entraînement poussé à la manipulation du robot, raccourcissant la durée de prise en main en phase clinique (débutée en novembre 2001).
Vers une utilisation en pratique courante
A la fin des travaux de la salle d'opération, plusieurs interventions ont pu être réalisées successivement par les différentes équipes : 10 interventions au cours des trois dernières semaines :
- quatre patients pris en charge par l'équipe de chirurgie digestive du Pr Boissel assisté du Pr Bresler (deux cas de cholécystectomie, un cas de reflux gastro-sophagien, un cas de surrénalectomie) ;
- trois patients opérés par l'équipe d'urologie dirigée par le Pr Mangin avec l'aide du Pr Hubert (deux cas de jonction pyélo-urétérale, un cas de binéphrectomie) ;
- trois patients opérés par l'équipe de chirurgie cardio-vasculaire du Pr Villemot, assisté du Dr Schjöth (trois cas de pontage coronaire à cur battant, dont un totalement endoscopique).
Les équipes chirurgicales sont toutes enthousiasmées par l'avenir de la chirurgie vidéo-assisté par robot. Un gros travail d'évaluation scientifique reste encore à faire, lorsque le nombre de patients traités aura sensiblement augmenté. Seule ombre au tableau : les coûts de l'appareil et de ses consommables qui freinent la diffusion de la technique. En réévaluant ces coûts en regard des bénéfices apportés au patients, le programme PHRC permettra peut-être d'avoir des données nouvelles sur ce sujet.
Les coûts
Robot : 8 MF
Salle d'opérations dédiée : 1,5 MF
Maintenance : 900 KF par an
Surcoûts de consommables : 1,5 MF par an
L'utilisation du robot entre dans le cadre d'un programme de recherche clinique.
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