Les auteurs d'un document de synthèse des états généraux de la naissance du 6 juin dernier ont listé les causes de l'insuffisance de l'offre de soins en périnatalité. L'essentiel vient, selon eux, du manque de structures et de personnel. « Quinze mille sages-femmes en France, alors qu'il en faudrait quarante-cinq mille, explique le Pr Bernard Blanc, président du CNGOF (Collège national des gynécologues-obstétriciens français), c'est 2,5 fois moins qu'en Grande-Bretagne. »
Il faut donc créer des postes, mais aussi mieux organiser les soins. Les regroupements sont inévitables, mais « ne sont pas la seule solution », précise le secrétaire général du CNGOF, le Pr Bruno Carbonne. Quant aux « maisons périnatales », « nous ne sommes pas contre ; mais encore faut-il les définir et les adapter région par région ».
« Il y a un problème démographique parce que le système fonctionne à l'envers », insiste Hélène de Gunzbourg, de la Coordination des sages-femmes. « Entre 85 et 90 % des accouchements sont physiologiques. Il faut donc mettre en avant les grossesses physiologiques et les faire suivre par les sages-femmes, lorsque les parturientes sont demandeuses, afin que les médecins puissent se concentrer sur la surveillance et le soin des grossesses pathologiques. »
De là, le document de synthèse conclut qu'il y a bien un problème de communication soit entre les différents professionnels, soit entre les professionnels et les usagers. « Cela demande du travail, car il s'agit de changer les mentalités. La naissance est encore trop perçue comme un moment pathologique de la vie humaine. Mais cela devrait pouvoir se faire », espère Hélène de Gunzbourg, qui réclame, en outre, l'autonomie des sages-femmes dans leur champ de compétence. « On manque déjà de sages-femmes ; alors il ne faut pas prendre le risque d'en manquer encore plus cruellement », nuance le Pr Carbonne. « On ne peut donc pas s'orienter vers un système unique. » Les usagers, eux aussi, insistent sur la diversité, et revendiquent leur « droit de choisir le mode de naissance de nos enfants, qui reste avant tout un acte privé et intime », comme en témoigne Gilles Gaebel, du Collectif interassociatif pour la naissance. « Nous regrettons qu'aucune étude comparative ne soit réalisée avec nos voisins européens qui offrent d'autres modalités, comme les centres de naissance et les accouchements à domicile. »
« La demande d'écoute des usagers est de plus en plus importante », convient le Pr Carbonne. « Le nombre d'intervenants autour d'une naissance est énorme : médecins, sages-femmes, pédiatres, puéricultrices, anesthésistes et généralistes. Il faut créer des réseaux afin de rompre l'isolement professionnel et assurer une bonne FMC », ajoute le Pr Carbonne.
Ces doléances, espèrent leurs auteurs, devraient inspirer le rapport que la mission sur la périnatalité confiée aux Prs Gérard Bréart, Jean-Christophe Rozé et Francis Puech doit remettre dans les jours qui viennent au ministre de la Santé.
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