Le naevus dysplasique est classiquement décrit comme une lésion pigmentée, de couleur allant du brun-rouge au noir, aux contours mal définis, suggestifs d'une prolifération. Mais des formes non pigmentées sont aussi rencontrées. Leur fréquence n'est pas connue - elle serait d'ailleurs difficile à établir, et très probablement sous-estimée. Episodiquement, toutefois, des cas sont rapportés dans la littérature, à titre de rappel.
Les trois cas décrits dans le « Lancet » concernent trois hommes, âgés de 31 à 43 ans, d'origine blanche, portant des macules atypiques en nombre variable, d'une dizaine à une centaine, localisées sur le tronc ou le haut d'un bras (troisième cas non précisé). Ces lésions, de quelques millimètres de diamètre, présentaient une coloration allant du blanc au rose pâle.
Reflets argentés en lumière tangentielle
A priori, les diagnostics envisageables sont nombreux. A l'examen clinique, les auteurs soulignent cependant avoir observé, dans les trois cas, des reflets argentés particuliers de la lésion, sous éclairage tangentiel. Des biopsies ont par ailleurs été réalisées, montrant notamment la présence de mélanocytes atypiques, avec noyau hyperchromatique, mais pas d'infiltrat inflammatoire ni d'hypervascularisation. La coloration immunohistochimique (HMB 45) n'a révélé la présence de protéines mélanosomales que dans de rares mélanocytes.
En ce qui concerne l'histoire des patients, on ne relève aucune exposition particulière au soleil. En revanche, deux patients présentaient des antécédents personnels de mélanome malin. Quant au troisième patient, qui, lui, n'avait pas d'antécédent, il s'est bel et bien révélé porteur d'un mélanome. Il s'agissait du patient de 43 ans, porteur d'une centaine de lésions. Deux d'entre elles, que la taille (plus de 10 mm), la morphologie (surélevée) et la couleur (tirant vers le rouge) distinguaient des autres, ont été excisées. Il s'agissait effectivement de mélanomes (index de Breslow : 1,75 mm et moins de 0,75 mm). Des métastases ganglionnaires et pulmonaires sont apparues sept mois après l'excision.
Les auteurs ne disposent évidemment d'aucune recette pour repérer suffisamment tôt des lésions discrètes par nature, et dont le diagnostic différentiel est malaisé. Les reflets argentés constituent, semble-t-il, un élément important. Mais, surtout, les auteurs estiment que la biopsie est justifiée en cas de doute, face à un patient porteur de macules blanches ou rose pâle, avec accentuation cutanée. Des antécédents de mélanome sont, bien sûr, un élément supplémentaire en faveur de la biopsie, mais pas un élément indispensable, comme l'illustre malheureusement l'un des cas rapportés.
I Zalaudek et coll. « Lancet », vol. 359, 8 juin 2002.
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