> ANTIQUITES
LA REPUTATION - justifiée - d'excellence de la Biennale intimide beaucoup de visiteurs, au point qu'ils n'osent demander ne fut-ce qu'un renseignement et un prix tant ils les pensent inabordables. Les prix, pourtant, s'ils ne figurent pas sur les objets, on n'a pas besoin de les demander, puisque le règlement exige que chaque marchand ait des listes référencées facilement consultables par les visiteurs. Après tout, les exposants sont là pour vendre et, derrière les ors des décors, il y a la réalité du marché, plutôt morose, malgré quelques signes de reprise venus de l'Ouest, et qui n'incite pas à la valse des étiquettes.
Il ne faut pas rêver, bien sûr, la Biennale n'est pas une brocante, et le hasard de la découverte fortuite n'y a pas sa place. Les antiquaires, eux-mêmes sélectionnés par le SNA organisateur, choisissent pour le Carrousel leurs pièces les plus exceptionnelles, qui seront passées ensuite au crible de l'intransigeante commission d'expertise.
A côté des meubles royaux et des tableaux de maître sur lesquels se fait la communication de la Biennale, les stands sont composés de choses plus classiques à des prix normaux. Un galeriste en tableaux sera fier d'afficher un Caravage ou un Matisse, qui servent de locomotive à son accrochage, mais ne suffisent pas à garnir la totalité de ses cimaises et ne trouveront pas forcément preneurs. Pour assurer sa Biennale, il compte davantage sur de bons dessins ou des œuvres de petits maîtres ne dépassant pas 20 000 à 30 000 euros.
L'objet roi.
Les meilleurs prix, c'est chez les spécialistes de l'objet qu'on les trouve. Les stands d'orfèvrerie, de porcelaines, d'objets de charme offrent une large gamme,ans une fourchette de prix de 5 000 à 10 000 euros, et souvent moins.
On ne peut dire la même chose du mobilier XVIIe/XVIIIe, fer de lance de la Biennale. Malgré la défaveur dont souffrent actuellement les styles classiques, les meubles jugés dignes du Carrousel se trouvent difficilement à moins de 20 000 euros. Cela n'empêche pas de demander et de comparer les prix d'un stand à l'autre, car les différences sont souvent importantes. Et puis, à l'heure de l'informatique, chaque exposant a sur son stand un ordinateur portable contenant les images de l'ensemble de son stock hors Biennale, à l'intention des clients amateurs de choses moins prestigieuses... et moins chères.
La Biennale, c'est aussi le XXe siècle et même de plus en plus. Et pas seulement l'Art déco Printz et Ruhlmann aux prix intouchables, mais aussi des créateurs mal connus des années 195-1970 dignes des plus grands, dont les prix commencent à 8 000-10 000 euros pour une table basse ou une paire de fauteuils et n'excèdent pas 50 000 euros. Avec la perspective de rapides plus-values quand ces créateurs auront trouvé le rang et la cote qu'ils méritent sur le marché. On cite le cas d'un guéridon 1950 de Gilbert Poillerat négocié 37 000 F (5 600 euros) à la Biennale 1998, que l'acquéreur a revendu tout récemment près de 60 000 euros ! De telles aubaines sont encore possibles.
Les néophytes aussi.
D'autres idées reçues et infondées circulent au sujet de la Biennale. On a tout à fait le droit, par exemple, d'ouvrir un tiroir ou de soulever un fauteuil, et de demander à l'antiquaire de le retourner pour voir les fonçures. Sur les stands de tableaux, on vous décadre même en un tournemain les dessins pour permettre d'examiner la technique, le papier et les marges. Sans obligation d'achat, bien sûr !
Certains disent redouter l' « arrogance » des grands antiquaires. D'abord, il n'y a pas que les « grands » du quai Voltaire et de l'avenue Matignon au Carrousel. Et même, parmi ceux-là, rares sont ceux qui refusent un renseignement ou une explication, même au néophyte qui n'a pas le look d'un acheteur - ou d'un vendeur - potentiel. Leur profession n'est-elle pas avant tout un métier de contact ? Il est même possible de marchander, ou plutôt de « faire une proposition », avec élégance et dans une limite raisonnable de 5 à 10 %. On n'est pas au souk, tout de même !
22e Biennale des antiquaires, carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75001 Paris, du 15 au 28 septembre, 11 h-21 h (11 h-23 h les lundi et mercredi). Entrée : 12,50 euros. Site : www.biennaledesantiquaires.com.
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