De notre correspondante
à New York
Les myopathies primitives (ou dystrophies musculaires) englobent une série de maladies génétiques caractérisées par une faiblesse progressive et une dégénérescence des muscles contrôlant les mouvements.
Il n'existe actuellement aucun traitement spécifique pour les diverses formes de myopathie primitive. Les approches thérapeutiques expérimentales (thérapie génique, pharmacologique, et thérapie cellulaire), évaluées en préclinique ou en clinique, n'ont obtenu jusqu'ici qu'un succès modeste. Le principal problème est l'incapacité à délivrer efficacement dans tous les muscles atteints, les vecteurs viraux ou les cellules thérapeutiques.
Une équipe italienne, dirigée par le Dr Giulio Cossu (Institut de recherche des cellules souches à Milan), décrit une nouvelle voie prometteuse de thérapie cellulaire.
Les mésoangioblastes
L'équipe a identifié, il y a un an, un nouveau type de cellules souches fœtales dans les vaisseaux sanguins, qu'ils ont nommées « mésoangioblastes », car elles peuvent se différencier en presque tous les types cellulaires du mésoderme (sang, os, muscle, tissu conjonctif, etc.).
Les mésoangioblastes peuvent être multipliés en culture. De plus, lorsqu'ils sont injectés dans la circulation, ils s'accumulent dans les capillaires et sont capables de migrer à l'extérieur des vaisseaux uniquement pour diffuser dans un tissu enflammé, comme dans le cas du muscle dystrophique.
L'équipe a donc cherché à savoir si ces cellules souches pourraient, après injection intra-artérielle, diffuser dans les muscles atteints et régénérer le muscle squelettique. Ces travaux sont publiés dans « Science ».
Injection dans l'artère fémorale
Ils ont mené leur étude chez la souris dystrophique dépourvue en gène alpha-sarcoglycan, une anomalie génétique responsable de myopathie des ceintures (une forme de myopathie primitive). Dans une première expérience, les chercheurs ont injecté des mésoangioblastes de souris normales dans l'artère fémorale de souris adultes dystrophiques. Les mésoangioblastes, ont-ils constaté, corrigent morphologiquement et fonctionnellement presque tous les muscles affectés qui se trouvent en aval de la circulation artérielle.
Dans une deuxième expérience, ils ont recueilli des mésoangioblastes chez de jeunes souris dystrophiques, puis introduit dans ces cellules en culture le gène alpha-sarcoglycan au moyen d'un vecteur lentiviral, et, enfin, ont réinjecté ces cellules souches modifiées dans l'artère fémorale des jeunes souris dystrophiques. Là encore, cette thérapie cellulaire est parvenue à reconstituer le muscle squelettique, comme l'avait fait l'injection des mésoangioblastes normaux.
Les souris traitées marchent plus longtemps
Les muscles traités contiennent plus de fibres musculaires apparemment normales. Les souris traitées sont aussi capables de marcher plus longtemps, mais en deçà tout de même des souris en bonne santé. Cette thérapie n'offre donc pas encore une guérison.
« Le succès de ce protocole tient principalement à la large distribution des cellules souches donneuses à travers le réseau capillaire, un net avantage de cette stratégie sur les précédentes approches », soulignent les chercheurs.
« Nous pensons que cela représente un pas important vers un traitement, mais la question est de savoir si cela marchera chez un animal plus grand », indique, dans un communiqué, le Dr Cossu. Avant qu'une application clinique puisse être envisagée, plusieurs points devront être résolus. Deux options seront considérées : l'injection de mésoangioblastes autologues, corrigés génétiquement ex vivo, mais les mésoangioblastes humains n'ont pas encore été isolés dans les vaisseaux d'adultes ; l'injection de mésoangioblastes hétérologues issus de fœtus humains, sous traitement immunosuppresseur approprié.
« Sciencexpress », 11 juillet 2003.
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