UN NOUVEAU coup est asséné au traitement hormonal de la ménopause (THM), dans « The Lancet ». Une analyse de la Million Women Study (MWS), s'intéressant cette fois au cancer de l'ovaire, montre un surrisque chez les utilisatrices dépassant les cinq années de traitement.
Valerie Beral et coll. (Oxford) ont enregistré les données de 948 576 femmes ménopausées suivies, en moyenne, pendant 5,3 ans pour la recherche d'un cancer ovarien et 6,9 ans pour la notification d'un décès. Ces femmes n'avaient au départ ni cancer connu ni subi d'ovariectomie bilatérale.
Sur cette cohorte, 287 143 femmes (30 %) avaient recours à un THM et 186 751 (20 %) l'avaient utilisé. Au cours de la période de suivi, 2 273 cancers ovariens ont été relevés, dont 1 591 ont été fatals. En termes de statistiques, les auteurs évaluent que les utilisatrices actuelles ont, en moyenne, un risque majoré de 20 % de déclarer la tumeur ovarienne et d'en décéder, par rapport à celles qui n'ont jamais reçu ce traitement. Ce qui donne 2,6 cancers pour 1 000 femmes utilisant le traitement pendant plus de 5 ans contre 2,2 chez les non-utilisatrices. Ainsi, un cancer supplémentaire a été diagnostiqué pour 2 500 utilisatrices et un décès supplémentaire a été enregistré pour 3 300 utilisatrices. Remontant à 1991, les auteurs considèrent que, au Royaume-Uni, sont survenus en excès 1 300 cancers ovariens et 1 000 décès.
Le risque n'est pas modifié par les divers facteurs confondants au nombre desquels le type de traitement administré, les molécules ou le mode d'administration.
Les auteurs constatent, que, comme cela était le cas pour le surrisque de cancer du sein déjà retrouvé dans cette cohorte, à l'arrêt du traitement, le risque retourne à son niveau basal.
Une action indésirable inexpliquée.
Dans un éditorial, Steven A. Narod (Toronto, Canada) ne peut expliquer cette action indésirable du traitement (pas plus que les auteurs, d'ailleurs). En effet, les associations estroprogestatives, comme chacun de leurs composants, sont connues, avant la ménopause, pour protéger du cancer de l'ovaire. Alors que, après ce cap, l'étude montre un effet inverse. Le médecin canadien conclut sur la baisse de l'incidence des cancers mammaires aux Etats-Unis depuis le déclin du THM. Il espère que ces nouvelles données agiront de même sur la fréquence du cancer ovarien.
Rappelons, toutefois, que, après sa publication, l'étude MWS a été critiquée sur sa méthodologie, notamment par des auteurs français. Ils évoquaient (« le Quotidien » du 10 septembre 2003) son côté observationnel, un manque de réactualisation des données, des durées d'utilisation des traitements imprécises et des biais de prescription.
« The Lancet » publication avancée en ligne le 19 avril 2007, DOI : 10.1016/SO140-6736(07)60535-2.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature